Listes d'équipement
La HRP ?
La Haute Route Pyrénéenne est un itinéraire partiellement non balisé reliant l’océan Atlantique à la mer Méditerranée, de Hendaye à Banyuls.
Au plus près des crêtes, le parcours officiel (topo Véron) sillonne de part et d’autre de la frontière franco-espagnole. Il est donné pour environ 850km et 44000m de D+ (dénivelé positif) en 41 étapes d’une journée.
A chacun de tracer son propre itinéraire, à chacun sa HRP. C’est là que ça devient drôle, car porter un sac bien pensé permet de s’amuser un peu…
Récit
J -15 (narrateur Fred)
Seb et moi sommes en pleine préparation chacun de notre côté. Lui décolle dans 1 semaine, moi dans 2. Nous avons échangé quelques mails ces derniers temps. Nous partons tous 2 parcourir la Haute Route Pyrénéenne. Il s’est fait une entorse il y a quelques jours et hésite à reporter son départ. Au téléphone, chamboulement de programme : Je lui propose que nous partions ensemble, nous revoyons en quelques minutes toute la préparation à venir. Puisque nous partons à 2 il sera possible d’aller crapahuter sur quelques sommets, il faut donc :
1 – Nous équiper en conséquence.
2 – Sortir la liste de tous les sommets faciles proches du tracé HRP. Nous savons que la météo ne nous permettra pas de tous les gravir (ni le temps, retour impératif le 1 aout) il faut donc tous les bosser pour nous offrir un large éventail de possibilités.
En quelques minutes les grandes lignes sont donc tracées : 25 jours et un maximum de sommets. Joyeux programme! Ai-je les capacités physiques? Et Seb? Nous avons pu nous « jauger » mutuellement au camp de base l’été dernier, Seb a une sacrée caisse. De mon côté l’année a été fructueuse, je pète la forme.
Tout ça c’est bien, mais allons-nous nous entendre? Nous ne nous connaissons quasiment pas, on a juste papoté un peu l’été dernier. Pour moi pas de doute, nous sommes fait pour nous entendre.
Et côté matos? Nous sommes sur la même longueur d’onde. Pas de demi-mesure. La clé est dans la légèreté.
Les 2 semaines à venir seront lourdes en charge de taf, combien de mails et sms avons-nous échangé? Je ne les compte plus, ça n’arrête pas. Outre le matos, nous revoyons l’intégralité du parcours et émettons des dizaines de progressions possibles. Si on fait le Vignemale, fait-on l’Anéto? Si on fait l’Anéto, fait-on les Gourgs blancs? Quels détours valent vraiment le coup? Lurien Ariel, Ariel Palas ou Palas Grande Fache? Marboré ou Mont Perdu? Détour par Pic Sotlo? Et au fait les déposes*, il serait temps de se pencher sur cet épineux problème…
Bref des dizaines de plans sur la comète, Seb ayant plutôt tendance à s’emballer et moi à jouer le rôle du vieux con.
*Les déposes, qu’est-ce c’est ? C’est tout simplement des sacs qui contiennent ce que nous avons besoin pour continuer : Nourriture pour les jours à venir, nourriture plaisir à manger sur le moment et matos qu’il était inutile de porter avant comme le matos alpi. Nous déposons ces sacs en voiture à des endroits où nous sommes certains de passer à pieds et nous les enterrons de façon à ce qu’aucune personne ou animal ne les trouvent.
Commentaires de Seb :
Sur les capacités physiques je dois reconnaître que pour son âge il ne traine pas trop, quelques rhumatismes à son genou mais ça va il avance bien 🙂 Concernant l’entente, je connaissais un peu Fredlafouine via le forum Randonner Léger, nos projets étaient similaires et nous avions les mêmes vues sur le matos, ça ne pouvait que coller !
J -2 (narrateur Fred)
Nous nous retrouvons chez Fabienne et Highpictv à Bordeaux. Yann est également de la partie. Une fois le bon repas arrosé terminé, on passe aux choses sérieuses. Highpic et Yann nous refont l’intégralité du parcours à plusieurs reprises, topos et cartes sous les yeux. Seb et moi écoutons docilement, essayons d’ingurgiter un maximum d’infos. 2h30 du matin, stoooop! Trop de trucs à retenir, nous frôlons l’overdose.
Le lendemain réveil aux aurores, nous passons la journée sur la route et effectuons nos 2 premières déposes : Refuge de la Belagua et Caillou de Socques. La dépose de Socques contient 3 jours de nourriture et le matos alpi. Nous arrivons à Hendaye à 18h58, Seb a juste le temps de passer chez le coiffeur pour se faire raser le crâne. Derniers préparatifs et allègements (je découpe les poches de ma Mica et modifie le système de fermeture de mon sac), il est déjà 23h00.
J1 : Hendaye – Nord d’Elizondo (narrateur Seb)
Premier réveil de notre traversée ! Réveil agréable dans le petit appart/gite loué la veille, le sac est déjà fait, ne reste plus qu’à déjeuner et à partir vers la plage. En chemin nous croisons un autre randonneur matinal (il n’est pas encore 7h) muni d’un sac plutôt petit, nous suspectons un compatriote.
Arrivée sur la plage
Casquette et chapeau vissés sur le crâne, nous ne les quitterons plus !
Une fois sortis d’Hendaye le pays basque commence, paysage qui nous suivra tout le long de cette première semaine.
Et déjà la première pause ! Quelle bande de flemmards…
En fin de matinée nous rattrapons le semi mul croisé le matin, lecteur il y a quelque temps de RL il en applique quelques principes, il fait également la HRP et nous marchons quelques temps avec lui. Nous nous séparons au niveau de la Rhune.
En milieu d’aprem, premier paumage, nous commençons fort et prenons 2h dans la vue pour faire l’aller retour, c’est décidé je ne ferais plus confiance à Fred pour choisir l’itinéraire… 😀
Nous décidons d’arrêter les journées de marche entre 20h et 21h et c’est vers les 20h30 que nous faisons notre premier bivouac dans le soleil couchant.
Commentaires de Fred :
Je ne suis pas du tout d’accord, des cartes 1:50000 dézoomées illisibles sont parfaitement suffisantes pour traverser le pays Basque !
J2 : Nord d’Elizondo – Aldudes (narrateur Fred)
Première nuit, premier orage! Le ton est donné. La journée est nuageuse mais de belles éclaircies, première pause baignade/séchage matos (le premier d’une longue série…) à Elizondo. Le soleil se fait de plus en plus présent, nous marchons sous le cagnard jusqu’à Argibel.
30 minutes plus tard, Seb a paumé ses lunettes! Je ne me sers pas des miennes et les lui prête donc, il faudra absolument racheter une paire avant la haute montagne. Arrivés aux Aldudes nous achetons une conserve locale, les cochons s’engraissent juste derrière la clôture de la petite boutique. On se pose en fond de vallée le long de la rivière.
Commentaires de Seb:
J’ai pas paumé mes lunettes ! Je me suis allégé, c’est tout !
J3 : Aldudes – Col d’Oraaté (narrateur Seb)
Nous quittons le champs qui nous a hébergé de bonne heure et rejoignons la forêt pour quelques heures de marche avant de rejoindre des prairies herbeuses situées plus en altitude.
La nuit près de la rivière ayant apporté son lot d’humidité et de condensation, nous devons refaire sécher le matos.
Fred, dubitatif sur le chemin à prendre…
Étant à la saison des naissances c’est au milieu des poulains, des agneaux et des veaux que nous évoluons
En fin de journée, le soleil décline sur un drapé de vallons.
La forêt quittée le matin nous accueille de nouveau pour le soir, le seul espace plat étant la piste. Nous nous posons dessus en espérant qu’il ne pleuve pas car nous sommes pile sur le trajet des eaux.
Commentaires de Fred :
Je ne suis pas dubitatif, je réfléchis. Fallait bien que l’un des deux s’y colle !
J4 : Col d’Oraaté – Chardékagagna (narrateur Fred)
Jolie nuit au sec finalement dans la forêt, les chevreuils ont braillé non-stop.
Seb doit déjà sortir son kit de couture pour réparer ses chaussures.
Premier 2000 des vacances, le pic d’Orhy.Passage devant la cabane de la vallée d’Ardané, il est encore tôt, on continue. Arrivés au pied du Chardékagagna nous tentons de trouver un passage au Nord-Est.
3 essais sangliers, 3 barres rocheuses… Merde! Plus de 2 heures de perdues, nous trouvons finalement un passage et plantons le bivouac le long du sentier qui nous mènera demain au port d’Ourdayté.
Une vache s’intéresse de près à nos abris.
Commentaires de Seb :
Pour préciser ce qu’est un essai sanglier: cela consiste à aller tout droit, tout simplement, quelque soit le terrain, le revêtement, la pente, c’est assez surprenant parfois…
Nous étions partis d’Hendaye avec 3 jours d’autonomie, ce qui s’est avéré une durée disons, hum, légèrement insuffisante.. Nous aurions donc déjà dû arriver à la dépose, nos réserves de nourriture sont à sec et nous avançons grâce à l’huile d’olive bue au goulot, miam !
J5 : Chardékagagna – Lescun (narrateur Seb)
Peu après avoir levé le camp nous tombons sur un rassemblement de vautours, plus d’une vingtaine d’entre eux remontent la pente à notre droite, notre cheminement devant nous faire passer par là, nous nous rapprochons d’eux:
La montée au port d’Ourdayté nous plonge pour la 1ere fois dans le brouillard, brouillard qui finalement deviendra quasiment notre quotidien les jours où il ne pleuvra pas !
Passé le col nous rejoignons avec avidité notre première dépose ! Elle manque de bouffe plaisir (nourriture à manger tout de suite), faudra faire mieux la prochaine fois ! Re-séchage de matos et le rattrapage de repas nous remet en forme.
Nous rentrons dans une forêt très dense (une des plus sauvage et belle que nous aurons à traverser) pour atteindre le lapiaz situé plus en altitude et le col d’Anaye. Nous perdons la trace du GR dés nos premier pas, un grand nombre de chemins s’entrecroisent, nous décidons de prendre les plus visibles, c’est une vallée il suffit donc normalement de rester au fond et d’avancer.
Dans les faits c’est un peu différent..
Oui, c’est un chemin…
Arrivés enfin dans le lapiaz, la progression se fait sous un soleil de plomb, nous avons mal calculé nos réserves en eau et devons nous rationner.
Passer le lapiaz et quelque D- (dénivelés négatifs) nos envies de baignade et de soda bien frais s’estompent à mesure que le brouillard s’épaissit, ce sera finalement une simple petite pause en mode protection vent / froid / pluie
Nous avions décidé de passer par la Table des Trois Rois, cependant l’absence de visibilité et nos supers cartes au 1/50000ieme dézoomées nous poussent à descendre aux sources de Marmitou pour passer la nuit.
Commentaires de Fred :
C’est pas vrai, il n’y avait aucun problème de carte :D. On avait pas une goutte d’eau, le brouillard montait… Bref on ne le sentait pas. Aucun regret, c’est l’occasion de revenir dans ce magnifique endroit. 😉
J6 : Lescun – Espelunguère (narrateur Fred)
Il a plu toute la nuit, et le brouillard est plus présent que jamais. Seb passe en mode ninja, heu pardon en tenue de pluie.
De légers problèmes de pieds sont déjà apparus…
Puis bivouac au-dessus de la forêt d’Espelunguère.
Commentaires de Seb :
Sur la photo de tenue de pluie j’avais un sursac à dos que j’ai paumé… Je n’avais jamais utilisé ce type de produit mais celui allant avec le sac est d’un poids vraiment correct: 25g, autant essayer. Outre le fait que je ne savais vraiment pas où le mettre en rangeant mon sac, cela s’est avéré assez chiant à utiliser. Aux premières gouttes, sortir la veste est déjà assez ennuyant, s’arrêter, ouvrir le sac, mettre la veste, refermer le sac, repartir, là j’avais en plus la jupe de pluie à mettre, donc avoir un troisième truc à équiper pour 3 gouttes sans savoir si cela va vraiment tourner en pluie diluvienne devenait vraiment lassant.
J7 : Espelunguère – Caillou de Socques (narrateur Seb)
Les chevreuils croisés la veille ont encore aboyé toute la nuit, cela devient routinier 🙂
Il ne pleut pas, par contre les herbes sont trempées et nous pataugeons vite dans nos chaussures, nous montons au col du Somport sans difficulté et faisons le passage sur route obligatoire pour rejoindre la station de ski d’Astun. Difficile de décrire ce bref retour à la civilisation. nous nous dépêchons de rejoindre le sentier menant au Col des Moines.
De l’autre côté nous attend le majestueux sommet de l’Ossau.
Apres être descendus au fond de la vallée il faut regravir les pentes de l’Ossau, un peu en dessous du col de Peyreget nous attend notre baignoire.
Enfin Ma baignoire, Fred n’ayant pas voulu en profiter, mais non Fred, ce n’est pas parce qu’il y a une langue de neige 15m au dessus qu’elle est froide, c’est long 15m, puis il y a du soleil, elle a le temps de se réchauffer, quoi 3° ? Meuuh noooon !
La preuve qu’il y a du soleil:
Nous descendons en fin d’après midi aux cailloux de Soques, notre 2eme dépose ! Et cette fois un peu de bouffe plaisir nous attends ! Il est 20h passés nous pouvons donc nous arrêter à la cabane du même nom. Nous finissons nos réserves (nous avons mis 3 jours à arriver a cette nouvelle dépose et nous avions pris à la dernière dépose 4jours de nourriture)
Commentaires de Fred :
Conseil aux futurs HRPistes : Allez-y franco sur la bouffe plaisir des déposes ! De peur de débarquer à 7h00 du matin on a pas mis de trucs style boîte de cassoulet à la graisse de canard. La prochaine je n’hésiterai pas une seule seconde.
J8 : Caillou de Socques – Pied de la Grande Fache (narrateur Fred)
Ce matin nous sortons les cartes. Nous n’avons pas encore pris le temps de nous décider sur les sommets à gravir, il est grand temps de trancher. L’heure tourne, il faut décoller! Le départ est rude, avec le matos alpi récupéré et 3 jours de bouffe nos sacs pèsent une blinde!
Passage par le célèbre pas d’Ariel.
Nous y voilà, le pic Palas. Joli bébé.
Le pierrier est très long, il faut aller chercher la troisième cheminée. Notre première ascension se déroule sans soucis. L’arête sommitale est splendide.
Proche du sommet:
Nous enquillons sur le col Palas pour passer en Espagne.
Bivouac au pied de la Grande Fache, le vent est de la partie.
J9 : Pied de la Grande Fache – Pont d’Espagne (narrateur Seb)
Premier nevé à passer avant d’arriver au col
Nous sommes les seconds de la journée à monter au sommet de la Grande Fache, nous nous permettons de ne pas suivre le tracé habituel pour faire quelque pas d’escalade, un bon exemple ici, avec beaucoup de classe et de technique, Fred s’execute:
Vue du sommet, là d’où nous venons
Et la redescente, toujours par les endroits qui nous paraissent les plus sympa à faire
Notre piscine pour une baignade express (consiste à se déshabiller à toute vitesse, sauter à l’eau, se rhabiller trempé, repartir aussi vite, tout ça sous les yeux éberlués des autres randonneurs !)
Arrivés au Plat d’Espagne vers les midi nous rejoignons le camp de base mul en stop, ma cheville est bien enflée et le genoux de Fred est douloureux, au programme 2 jours de rando, 1 jour sous une pluie énorme à ne rien pouvoir faire et une journée entière de 8h à 20h dans la voiture (de Gilou76, encore merci ;)) pour aller faire une seule dépose sous la pluie au Port de la Bonaigua.
J10 : Pont d’espagne – Glacier d’Ossoue (narrateur Fred)
Nous quittons déjà nos amis pour reprendre la route.
Face Nord du Vignemale. Et bé, ça c’est du cailloux!
L’après-midi est splendide, nous avançons jusqu’au pied du glacier d’Ossoue, grand beau. Tout ceci est de bonne augure pour demain. 🙂
Après ces 4 jours au camp de base nous sommes heureux de retrouver notre rythme, le calme et la haute montagne. Demain est un jour important dont nous rêvons depuis longtemps. Double ration ce soir, nous nous endormons impatients.
J11 : Glacier d’Ossoue – Brèche de Roland (narrateur Seb)
Après avoir entendu la pluie tombée toute la nuit, je sors de l’abri en me demandant ce qui nous attends, de nouveau le brouillard est de la partie
Mais pas question de renoncer à un si beau sommet !
Crampons bien arrimés à nos baskets, piolet en main nous partons.
Couplées à des chaussettes étanches, aucun problème pour gambader gaiement sur le glacier ! (Bien sur, à ne pas reproduire sans l’expérience qui va avec).
Bon là on gambade pas trop encore, il est 8h, nous attendrons la descente pour courir sur toute la longueur du glacier, nous enchaînons également les ramasses quand la pente est assez forte, un des meilleurs moments de la HRP, une sensation de glisse géniale, nous avons vraiment la forme !
Mais avant ça, la montée au Vignemale, il y a deux passages, l’un par le pierrier, le plus utilisé, l’autre par une langue de neige assez raide
Nous choisissons la langue de neige, nous regrettons vraiment a ce moment là de n’avoir qu’un seul piolet tellement il est génial d’avancer vite dans la pente !
Vue de cette langue de neige de l’autre coté
Débarrassés des crampons nous grimpons la roche, nous ne trouvons pas le cheminement par la face sud (voie normale) et faisons un bon bout de chemin par la face nord, pas forcément une bonne idée, la roche est friable et les sensations garanties, au moins nous avons l’impression de vraiment mériter ce sommet. 9h45 arrivé en haut, 3298m, la vue, cachée par intermittence par le brouillard, est grandiose
Puis nous enchaînons les montées et descentes pour aller aux sommets qui bordent le glacier, d’abord le pic du Clot de la Hount 3289m, puis le pic de Cerbillona 3247m, vient après le pic Central et ses 3235m et pour finir le pic de Montferrat à 3219m, l’accès à ce dernier se faisant par une belle crête impressionnante mais facile
Un peu avant le Montferrat, la meteo:
La redescente est un pur moment de bonheur..
Après avoir récupéré nos affaires à 12h là où nous avons dormi, nous continuons cette journée sous un ciel légèrement dégagé.
Un beau cheminement hors sentier nous amène au col de Lary, à l’Est de la vallée de Sausse Dessus. Il y a normalement un passage pour rester en altitude et rejoindre le versant opposé où se situe la Brèche de Roland (mais pas sûr du tout en faite), mais après un essai infructueux nous ayant conduit au sommet d’une barre rocheuse nous décidons de descendre dans la vallée et de remonter de l’autre coté, vu notre vitesse de progression sur le plat, nous devrions être gagnants.
La montée à cet endroit mythique des Pyrénées qu’est la Brèche de Roland nous donne des ailes, il est assez tard et nous ne savons pas où nous allons planter le bivouac. Nous avons entendu parler de grottes qui se situeraient derrière au niveau du Casque, peu importe, nous passons devant le refuge de la Brèche en faisant le plein de la platypus, on avisera plus tard !
Plus la Brèche se rapproche et plus le trou qui se trouve à droite nous parait accueillant, une grotte ? Habitable ? Déjà occupé ? Nous pressons le pas
C’est bien une grotte ! Et parfaitement habitable pour nous deux ! Un sol moelleux tout plat, plein de cailloux ! Une vue complètement dingue ! La fatigue, la tension qui s’évanouit d’un coup, nous en avons les larmes au yeux !
Commentaires de Fred :
Les larmes aux yeux, n’importe quoi ! Je fais une allergie au pollen…
J12 : Brèche de Roland – Bielsa (narrateur Fred)
Nous venons de vivre une nuit dans un lieu magique. Réveil dans le brouillard qui se lève 2 minutes, juste le temps de prendre une photo.
Et merde c’est mort pour le Marboré ! Le cheminement d’aujourd’hui sera l’un des plus beaux de cette traversée, je le conseille à tout le monde. Sentier difficile, haut perché.
Pas vraiment de sente, nous évoluons une fois de plus à la boussole.
Le brouillard se lève, wouah la vallée d’Ordesa, que c’est beau! Mais qu’es-ce qu’on fout là??? Depuis le refuge Goriz Ubeda nous avons quitté le GR11 sans nous en rendre compte…
Demi-tour, 2 heures de perdues. C’est à partir de maintenant que le sentier devient intéressant, plus technique. Ça c’est du passage à flanc!
Nous passons enfin sous les nuages qui débordent comme du lait dans une casserole.
Fin de journée, 1200 D- qui tiennent sur 1 cm de carte, ouch. On se lance. Je suis devant. J’accélère. Je souris tout seul. Je serre les bretelles et passe au galop. Seb suit.. 500 D- à fond les ballons, nous arrivons dans la vallée en éclatant de rire. Maintenant il faut rallier Bielsa pour poster un gros colis comportant tout notre matos alpi. On se pose dans un resto, heureux comme des gamins. Ventre explosé (pour donner une idée, on a pris 2 pizzas en entrée), « bivouac » à quelques mètres du resto (merci la piscine municipale :D).
Commentaire de Seb :
Vraiment déçu pour les sommets prévus ce jour, la cheminée intérieure du casque me faisait rêver ! Mais bon, nous sommes passés par des passages bien sympas pour nous rattraper et nous gardons de beaux sommets à faire quand nous reviendrons.
J13 : Bielsa – Vallée d’Estos (narrateur Seb)
Début de journée assez cool sous le soleil , dans une longue vallée où nous ne croiserons que 2 personnes
L’aprèm commence et déjà une pause ! Pfff
Nous décidons vu le temps imparti à notre HRP de garder pour une prochaine fois le massif des Gourgs Blancs et celui des Posets. Comme on nous avait prévenu il faut faire des choix, sinon il faut prendre 3 mois pour faire cette traversée. Vraiment à regret car nous avions une tonne de sommets réalisables et d’itinéraires pour y passer.
Nous quittons Biados à 1750m pour nous rendre au port de Gistain à 2610m, il est déjà tard et le ciel est couvert depuis pas mal de temps. Nous dépassons le refuge d’Estos en pressant le pas, le ciel commençant à devenir vraiment noir, nous ne prenons pas le GR trop bien marqué et prenons un petit sentier mentionné sur la carte, beaucoup mieux mentionné sur cette dernière que sur le terrain lui même.. Au moins c’est sauvage.
Aprés pas mal de recherches nous finissons par trouver un petit espace plat sous les pins
Photo prise le lendemain matin vu que nous avons monté le camp à la frontale..
J14 : Vallée d’Estos – Pic de Molières (narrateur Fred)
Il a plu cette nuit, le temps de lever le camp la pluie se remet à tomber et ne nous quittera pas de la journée. Très beau passage dans le brouillard par le col du Perdigueret, la pluie se transforme en pluie verglacée, ça neigeote. Arrêt dans une belle cabane dans l’après-midi peu après l’hospital de Benasque avec le temps qu’il fait on a grillé pas mal de calories : C’est l’occasion parfaite de manger chaud avant de poursuivre la route (et vu la suite des évènements, on peut dire que le hasard fait bien les choses).
19h00, la progression devient plus sérieuse. C’est beau !
20h00, nous pensons être au col des Mulleres ayant tout du long suivi des cairns (nous sommes en fait au Sud du pic, et non au Nord). Seb veut attaquer le sommet, j’ai beaucoup de mal à le convaincre que je veux d’abord visualiser la descente car pour l’instant, ce col est plutôt étrange… C’est une barre rocheuse et une longue pente de neige à l’Est! Je finis par convaincre Seb. Il est tard, ça souffle, j’ai froid, je veux redescendre par sécurité. Par là ça ne passe pas. On suit la crête vers le Nord, ça monte… Et nous voilà au Pic des Molières:
C’est à y rien comprendre.
21h00, nous avons beaucoup descendu le long de la crête et trouvons un passage. Mais merde c’est pas la bonne vallée là, c’est trop au Nord! Nous ressortons une énième fois la carte sans comprendre où nous sommes. On en chie, on est paumé, nous décidons de remonter pour se rapprocher du sommet et trouver une sortie, et là pendant 1 minute le brouillard se lève sur cette lumière extraordinaire. Moment magique.
Il va bientôt faire nuit, il neigeote, le vent souffle, on y voit rien dans ce foutu brouillard et nous sommes sur une crête. Décision est prise, il faut descendre. Cap à l’Est, nous descendons tant bien que mal à 15/20 mètres l’un de l’autre. Belle désescalade au programme. Nous apercevons un lac, yes! Arrivés à son pied, le brouillard se lève quelques secondes. Ça monte sec devant, à gauche et à droite. Regards ahuris… Nous sommes descendus comme des brutes dans un cratère. Un p*tain de cratère de merde avec un lac qui n’a rien à voir avec celui de la carte. Un pauvre cratère dont il va falloir sortir. 22h15, nous poussons quelques cailloux de quoi monter le tipi de Seb. De toute façon on est crevés, impossible de réfléchir. On verra bien demain, rideau!
Commentaire de Seb :
Ouais, n’empêche que l’on aurait continué à droite du col et bien nous aurions un sommet de plus à notre actif ! 😀 Je dois avouer que malgré la distance plutôt courte sur la carte, faire le sommet à cette heure là avec ces conditions météo n’était pas très raisonnable.
J15 : Pic de Molières – Port de la Bonaigua (narrateur Seb)
Après une nuit passablement agitée, vent, pluie, un sol plein de trous / pierres et en pente, nous sommes fermement décidés à savoir où nous sommes !
L’extérieur de l’abri est couvert de givre, il fait froid.
Nous trouvons un cairn pas loin de l’abri et même un genre de sentier !
Nous remontons au petit col que nous avons décidé de ne pas franchir la veille, et descendons dans la vallée, le soleil serait-il de retour ?
Décidément l’orientation de cette vallée n’a rien à voir avec la carte, ce lac a rien à faire là en plus ! Le sentier a disparu, les cairns avec ! On en retrouvera en gros tous les km, aucun sentier réellement visible, et quand on le devine nous avons l’impression d’être les premiers à passer depuis des lustres:
Nous alternons entre forêt de framboisiers, herbe haute (trempée) et pierrier (glissant).
Au delà de se gourer de chemin, nous nous sommes gourés de vallée, autant pas faire les choses à moitié !
Nous ne savons pas comment nous sommes arrivés là mais nous savons où nous sommes, dans la vallée parallèle : Serrat dera Gerbosa, c’est déjà ça, il nous faut maintenant rejoindre le port de la Bonaigua où nous attends notre dernière dépose, 6 jours de nourriture et PLEIN de bouffe plaisir !
En chemin nous commençons les hostilités:
Pour finir avec TOUT ÇA à manger tout de suite:
Héhé !
Nous posons le bivouac un peu au dessus du Port de la Bonaigua le ventre plus que rempli.
J16 : Port de la Bonaigua – Mont Roig (narrateur Fred)
Nous avons passé la nuit dans la bruine, toutes les affaires sont trempées!
Passage par le refuge non-gardé d’Airoto. « Fred, viens essayer ça! ». La vache, un matelas ! J’ai l’impression d’être posé sur un nuage, en lévitation. Nous éclatons de rire et repartons aussi sec.
Après une longue descente en vallée, il faut maintenant se rapprocher du Mont Roig. La montée est longue et raide, il faut emprunter les sentes des vaches ou se frayer un passage dans la végétation. Un peu avant le col nous sommes récompensés par une magnifique aire de bivouac, au pied du sommet.
Commentaires de Seb :
Nous sommes en altitude, le bois et les racines se font plus rares, nous en récoltons donc avant d’arriver au bivouac et nous chargeons le mulet:
J17 : Mont Roig – Pla de Boavi (narrateur Seb)
Nous décollons de bonne heure et arrivons rapidement au col, la vue est magnifique mais encore une fois le brouillard arrive.
Ca y est, le brouillard nous a englouti, il faut mettre les mains pour monter mais la roche n’étant pas trop friable, pas de difficultés particulières.
Arrivés au sommet, vue dégagée
De l’autre coté nous nous arrêtons manger un peu au refuge du mont Roig avant la longue descente qui nous attends. Forcément après avoir descendu il faut remonter, en pleine ascension le son d’un cours d’eau et un rayon de soleil éphémère nous invitent à faire sécher le matos, mais pas que.. (oui oui, il y a bien quelque chose au milieu de la photo..)
Pendant que l’un roupille l’autre fait un brin de toilette dans une eau, hum, peu chaude..
Arrivés au lac de Certascan nous entamons une interminable descente. Le chemin ayant été fait pour les engins qui ont servi à construire le barrage la pente est ridiculement faible, au moins nous n’avons pas à nous préoccuper de l’itinéraire et nous pouvons filer jusqu’à tard le soir. Nous nous posons finalement tout en bas de la vallée, prés de la rivière menant au Pla de Boavi.
J18 : Pla de Boavi – Mounicou (narrateur Fred)
Joli bivouac au sec, en sous-bois le long d’une rivière.
Montée splendide vers le refuge de Broate.
Puis nous rentrons dans le vif du sujet.
Arrivés au col entre Sotlo et Guins de l’Ane/Ase, nous entamons plein Sud l’ascension du Pic Sotlo par sa crête longue et parsemée de ressaut. La crête Ouest (à droite sur la photo en bas) du pic d’Estats nous fait de l’oeil pour poursuivre.
Finalement nous prenons la voie normale.
Dernier 3000 de la journée, Montcalm.
Il faut maintenant redescendre dans le brouillard. Du beau hors sentier en perspective.
2/3 demi-tours et barres rocheuses plus tard, nous arrivons dans la vallée et posons le bivouac près du village de Mounicou.
Commentaires de Seb :
Fred dans la brume
Fred ne parle pas du fait que nous avons fini dans un état incroyable, tellement fatigués que notre corps nous a filé un petit cocktail remontant qui nous faisait nous marrer pour rien du tout, qu’après 3 3000 dans les pattes nous ne ressentions plus aucune douleur et que l’on s’est mis à courir comme des abrutis, alors je n’en parlerai pas non plus.
J19 : Mounicou – El Serrat (narrateur Seb)
Matinée de dingue ! Nous quittons Mounicou et faisons un peu de route bien calme jusqu’à l’arrivée à l’endroit où nous devons bifurquer pour aller au col. Nous recherchons le sentier pour monter mais à part un cairn perdu tout seul nous ne trouvons rien. Vu la pente que nous avons devant nous, nous allons frapper à la porte d’une cabane pour essayer de trouver quelqu’un qui saurait où est le chemin, personne. Nous entamons donc la montée en hors sentier total:
1500D+ d’une traite, tout droit en sanglier !
Arrivés au col, l’Étang Fourca et le refuge qui l’accompagne ne sont plus tres loin, la pause attendra !
Il est 12h passés et nos réserves de nourriture sont limitées, nous décidons donc de manger pour la 1ere fois dans un refuge. La femme du gardien, surprise par nos petits sacs, nous en fait la réflexion, et s’en suis une discussion fort agréable avec elle et son mari totalement conquis par notre matériel (que nous avons étalé pour séchage), le silnylon du sac de Fred ? “Mais c’est parfait, c’est bien assez solide !” Nous dit il !
Nous avons fait un bon tiers de la journée et continuons tout sourire, boustés par nos omelettes.
Mais la pluie recommence bien vite et la fatigue se fait sentir…
La journée continue, toujours sous la pluie, nous sommes trempés et nous rêvons d’une cabane pour dormir au sec !
19h30 nous passons devant un grand refuge non gardé, je jette un coup d’oeil à l’intérieur, 2 ou 3 personnes sont présentes, nous avons vu sur la carte qu’une cabane existait un peu plus loin, nous voulons continuer, le temps de chercher si le refuge disposait d’une source à l’extérieur, une des personnes du refuge sort et nous dit qu’il reste de la place pour nous mettre à l’abri, nos capuches enfoncées sur nos têtes, dégoulinant, Fred lui répond de manière très enthousiaste que la journée n’est pas finie, qu’il fait encore jour et qu’il faut continuer à marcher…
Le vent s’est levé et mettons tous nos espoirs sur cette cabane. Elle n’est pas au bord du sentier, allons nous la trouver ? Va t’elle être occupée ? Le toit sera t’il étanche ? Et le pire: ne va t’on pas y arriver trop tôt et être obligés de continuer pour poser le bivouac plus loin ?
La suite en vidéo:
Ok il n’y a pas un gros effort de recherche d’adjectif mais nous avons des excuses !
La cabane trouvée, ce n’est pas tout, il faut maintenant aller chercher du bois…
J20 : El Serrat – Col de Puymorens (narrateur Fred)
On ne peut pas dire qu’il fasse très beau aujourd’hui… Au moins on a la paix sur les sentiers, pas un chat…
A part quelques vaches. Embouteillage. 🙂
Mine de rien nous passons une agréable journée, sauf les quelques heures de marche sur route. Mais avec le temps qu’il fait nous ne pouvons nous permettre les hors-sentiers initialement prévus. Tant pis! Ca en devient limite dangereux avec la faible visibilité, les voitures passent à fond et nous frôlent : nous décidons à regret de prendre un bus entre Soldeu et le Pas de la Case (8 minutes montre en main).
La video, comme si vous y étiez:
Et encore une:
Nous continuons jusqu’au col de Puymorens que nous dépassons légèrement pour nous arrêter dans une petite cabane.
J21 : Col de Puymorens – Eyne (narrateur Seb)
Forcément rien n’a séché dans la cabane et nous repartons trempés.
Le temps est tellement pourri que nous ne croisons personne, c’est vraiment agréable, nous passons le col de Lanous et nous nous dirigeons vers le Carlit. C’est un sommet vraiment beau et impressionnant, vu de loin il semble inaccessible.
Finalement il suffit de monter droit dedans,
C’est assez raide, la pluie s’est arrêtée pour nous laisser monter, arrivée au sommet, brouillard et pluie sont de nouveau de la partie
Nous arrivons aux lacs du Carlit, ensemble de lacs assez magnifiques mais qui doivent être extrêmement touristiques par beau temps. Les fortes précipitations ont transformé tous les chemins en cours d’eau. Trempés pour trempés nous avançons sans prêter plus attention à l’endroit où nous mettons nos pieds..
A l’entrée de la vallée d’Eyne, nous nous permettons une petite pause, agrémentée d’un paté aux myrtilles, acheté au producteur croisé en chemin, tartiné sur une baguette fournie par le bar du coin.
Cette vallée possède quelques orhys (abris de berger en pierre). Nous trouvons le 1er fort exigu et préférons continuer, le deuxième est certes plus grand mais peu accueillant. Nous montons donc les abris sur le simili plat face à lui.
J22 : Eyne – Pla Guillem (narrateur Fred)
Il a plu une bonne partie de la nuit. Aujourd’hui nous attaquons nos derniers sommets.
L’ambiance est magique dans le brouillard, malgré la pluie.
Arrivée au pic d’Eina nous continuons sur la crête, sûrs de nous.
Soudain le nuage se lève, mais on est où là?!! Boussole, on file nord-ouest. Super… C’est pas la bonne crête, on est à la Torre d’Eina! Pas grave au final, c’est un beau sommet de plus.
Demi-tour, nous enchaînons le pic des Noufonts, puis le pic de la Vaca. Il fait froid aujourd’hui, nos pantalons trempés tôt ce matin sont recouverts de givre.
C’est une magnifique journée passée sur les crêtes, des isards très curieux en pagaille. En fin de journée le vent se lève violemment. La cabane du Pla Guillem nous fait de l’oeil sur la carte, encore fait-il la trouver.
Nous avançons à 20 mètres l’un de l’autre, on s’entend à peine en gueulant de toutes nos forces. Le jour commence à tomber, nous marchons sur un grand plat d’herbe, il pleut, le vent souffle de plus en plus fort. Soudain j’entends Seb beugler un truc qui s’étouffe dans la brise, je me tourne, il danse, on a trouvé, COOOOL !
J23 : Pla Guillem – Amélie les Bains (narrateur Seb)
Nous avons passé une bonne nuit, la terre battue de l’abri étant relativement plate. Fred dans son sursac, moi avec la tarp sur mon sac de couchage, le toit plus qu’aéré ne nous inspirant pas trop confiance. La porte de l’abri ne fermant pas et les murs étant particulièrement ajourés nous avons pu profiter toute la nuit d’une douce brise rafraîchissante…
Nous entamons notre journée de marche à 7h, mais à peine sorti de l’abri j’aperçois une masse énorme derrière notre abri. J’interpelle Fred, “Hum Fred, quelle est cette étrange masse ressemblant fort à une magnifique cabane à 5m de la ruine où nous avons dormi ?” (enfin en gros..) Eclat de rires… Nous avons loupé la véritable cabane du Plat Guilem ! Nous allons voir, c’est un 2 pièces meublées, une dizaine de lits, une table immense, une cheminée, le luxe ! Pas grave, nous sommes en forme, c’est tout ce qui compte !
Les montagnes ne sont plus aussi hautes mais le paysage est toujours magnifique.
Nous nous dirigeons vers le Canigou, malgré l’heure matinale il y a déjà beaucoup de monde sur les chemins, nous décidons d’éviter la foule et faisons le choix de faire le tour du Canigou (choix que nous ne conseillons pas, vu le temps que cela nous a pris).
Comme la veille, nous trouvons un cèpe sur le bord du chemin et nous le mangeons cru au refuge des Cortalets, récompense d’un km et quelque à courir. Nos sacs ne contiennent plus un brin de nourriture et nous prenons 2 sandwichs chacun au refuge.
Nous repartons pour un long cheminement jusqu’à Batere, tiens un autre cèpe, ho la un deuxième juste à coté, il sont assez gros et en manger autant cru va être plus délicat. C’est décidé ! Poêlée de cèpes à la prochaine pause ! Tiens encore un cèpe juste là ! Bon la il y a vraiment moyen de se faire plaisir, nous posons les sacs et partons faire cueillette ! Nous montons en forêt et trouvons de magnifiques bolets bien fermes, nous commençons à en avoir quelques uns et le mesh du sac de Fred n’est plus assez grand, bon, ça sera directement dans son sac ! En chemin nous continuons à en trouver, nous avançons à un rythme ridicule, nous ne regardons plus où nous posons les pieds trop occupés à scruter les sous bois qui montent à notre droite ! A chaque champignon trouvé nous ressortons la même phrase “Bon celui là c’est le dernier, après on arrête !” (la même phrase que pour les sommets !)
Mes deux batteries d’APN m’ont lâché, il ne reste que l’appareil de Fred et nous économisons les photos, là nous en sommes à peu prés à la moitié de notre cueillette !
En chemin, pour la 1ere fois, nous apercevons la mer Méditerranée, nous n’y croyons pas, c’est vraiment la mer ? C’est vachement rectiligne pour de la montagne tout de même ! La mer, ça y est, tellement d’heure à l’imaginer, à en parler, à en rêver ! Moment euphorique…
Elle est là, à l’horizon, derrière la tour de Batere.
Arrivés au gîte nous demandons l’autorisation d’utiliser la table extérieure, accordé ! Nous commençons à éplucher nos Précieux sous les yeux surpris des autres randonneurs, nous sommes même pris en photo ! Racler un petit peu la terre, retirer les tubes, couper en petit dés, nous en avons une sacrée platée ! Cela ne tient plus du tout dans mon bol que nous comptions passer au gaz avec un peu d’huile d’olive. Le cuistot sort dehors fumer une cigarette, nous nous regardons, Fred a une idée, il serait si simple qu’il nous les passe rapidement à la poele… accordé !
L’attente parait interminable à nos papilles, nous en profitons pour regarder les cartes, nous ne sommes pas arrivés.. Le cuistot nous interpelle, “je vous rajoute de l’ail ?” Ho que oui !! Nous devons ressembler à deux déments ! Il revient avec une magnifique poêlée de cèpes, ils n’ont quasiment pas réduit à la cuisson ! En accompagnement il nous a même fait de la polenta gratiné de fromage ! Magique ! Ce festin engloutie et le cuistot chaleureusement remercié (si tu nous lis, encore merci !) nous repartons, il est déjà tard et nous avons encore beaucoup de chemin.
Quelques heures de marche plus tard, et pas mal de D- nous étouffons, la chaleur moite nous saisis, nous qui nous sommes parfaitement acclimatés au climat plutôt froid de ces derniers jours (semaines même) ce temps ne nous convient guère. Fred écoute, quoi ? Une cigale ! Nous venons à peine de descendre de la montagne que déjà la chaleur et les cigales sont présentes, pas de temps d’acclimatation ! Nous marchons au crépuscule, sous le couvert des arbres il commence à faire vraiment sombre. Nous continuons à descendre quand un air de musique se fait de plus en plus audible, d’abord de simple basse, le son se précise, du flamenco ! Notre comité d’accueil !
Arrivés en ville nous tombons sur un genre de ginguette où se joue un concert, ils vendent des frites ! Sauf que nous sommes à cours de liquide et ils n’acceptent pas la carte bleu.. Le distributeur le plus proche est à l’autre bout de la ville, que ne ferions nous pas pour une barquette de frites ?..
En chemin une enseigne éclairée nous interpelle, piz, pizze, pizzeria ! Il est vraiment tard, pas grave, il faut tenter le coup, la porte est entrouverte ! Notre situation rapidement expliquée, il répond négativement à notre demande d’achat de nourriture qu’elle quelle soit, “Par contre, je peux vous faire des pizzas” !!! Une royale et une chef en préparation, nous nous installons en terrasse. Nous n’en revenons pas, les choses se goupillent tellement bien, nous sommes heureux, simplement heureux.
Elles sont excellentes, où peut être que cela vient de nous, mais ces pizzas ont un goût unique.
Il est bientôt minuit, il est temps de trouver un lieu pour dormir mais nous ne croisons qu’un camping à la piste de danse animée…
Ok, nous ne sommes pas restés bien longtemps, la musique ne nous convenait pas, sinon il est évident que nous serions restés jusqu’au bout de la nuit, surtout Fred que j’ai eu beaucoup de mal à raisonner !
Nous nous arrêtons finalement dans un parc public, les bancs ont l’air confortable, nous venons de faire 17h de marche, il est minuit passé et de toute façon nous comptons nous lever tôt demain, nous serons partis avant que quelqu’un ne passe. Nous nous mettons un peu à l’écart des chemins, nous sortons le minimum et faisons les sacs de façon à être prêt à partir au moindre problème.
J24 : Amélie les Bains – Banyuls sur Mer (narrateur Fred)
4h20 : Debout! Drôle de nuit quand-même… 4 heures de pause, pas vraiment le temps de dormir, juste reposer les jambes. Il est 5h00 on décolle, pour la première fois je n’ai pas faim. Ca va pas. Aucune énergie. Seb ne va pas beaucoup mieux. Au lever de soleil on grignote des mûres, ça va mieux.
La montée au Roc de France est dure mais magnifique. Depuis hier nous avons retrouvé les bois, on s’y sent bien, calmes, sereins. Plus le temps passe et plus je reprends des forces.
Bientôt le soleil se couche derrière nous. 21h15 Pic Neulos, à gauche les lumières françaises à perte de vue, à droite les lampadères espagnols. Devant nous, une immensité noire. Je rigole tout seul, sans trop savoir pourquoi. « On y est ». « On y est, regarde! » On doit ressembler à 2 mecs bourrés ou échappés d’un asile, c’est une sensation extraordinaire. On passe devant un panneau : Banyuls, 7h45.
Mes yeux s’illuminent, je tourne la tête vers Seb, nous pensons tous les 2 exactement la même chose. « T’es en forme? » Ouaip, on a tous les 2 une patate du feu de dieu, plus que jamais. « Allez merde on le fait, GO! » Nos yeux s’habituent peu à peu à l’obscurité, le décor est grandiose. Nous marchons des heures sur crête, dans le noir, impossible de trouver le sentier. Le vent souffle très fort à nous déséquilibrer. Point carte tous les 15 minutes, recroquevillés derrière une roche. De jour ça doit être un jeu d’enfant, mais là dans le noir! Le ciel est nuageux, il fait vraiment sombre. Nous sommes comme hypnotisés, progression à toc sur de l’escarpé sans lumière, nos jambes savent quoi faire. Les dernières heures sont-elles interminables ou passent-elles trop vite? Aucune idée. Rien à foutre. Nous sommes simplement ailleurs. Dernière montée. Banyuls, là, juste en-bas. Encore 1000 D-. Comme par miracle des traces de GR. Toute la tension se relâche, nous crions littéralement notre bonheur qui se perd dans la brise, salée cette fois. Il n’y a plus qu’à laisser dérouler, la route est encore longue. 4h40 panneau Banyuls, blanc encadré de rouge : « Après toi. » « Nan nan après toi ». Eclat de rire et passage de ligne côte à côte. Je crois que je dis juste « Maintenant on prend notre temps ». Banyuls by night, Banyuls toute entière juste pour nous deux. Et puis le sable, le bruit des vagues. Les fringues tombent, encore quelques pas pieds nus.
Plouf.
Je sors la tête de l’eau, l’église sonne. Il est 5h00, Banyuls s’éveille. Moi aussi je sors de mon rêve… A 2 doigts de toucher quelque chose de très fort, d’instinctif, de bestial. C’était là, pas loin. Il suffirait que ce ne soit pas déjà la fin.
Je sors de l’eau à 4 pattes, mes jambes ne répondent plus. Heureux, rempli, je me sens Vivre.
Commentaires de Seb :
L’ambiance de ce matin est extraordinaire, malgré les douleurs physiques, le manque d’appétit (chose rare). Nous avançons concentré, sans mot. Un pas, puis un autre, à la lueur de la frontale. Le soleil perce à travers les arbres, enfin. La forme revient au fur et à mesure, nos corps s’éveillent. La joie de marcher dans ce décor prend le dessus.
Mes souvenirs de cette journée sont assez confus, les paysages s’enchaînent. Le moment qui me revient en boucle en tête est ce petit panneau jaune, Banyuls 7h45. Le calcul est vite fait, cela fera 24h de marche, pile.
Puis c’est l’enchaînement, les pensées qui s’agitent, le corps qui sait exactement ce qu’on attend de lui et qui fait tout pour y répondre au mieux. Plus de douleurs, plus de fatigue, juste une impression de pouvoir faire n’importe quoi.
La nuit tombe, puis cette crête interminable balayée par un vent que nous n’avions jamais rencontré. Nous avançons penchés, soutenus par le vent.
Fin de la crête, des traces de GR nous accueillent. Nous y sommes parvenus, heureux. Encore un point carte, beaucoup de lignes de dénivelé, pas mal de distance, on s’en fout, nos pensées sont uniquement tournées vers cette ville en contrebas, plus rien d’autre ne compte.
Nous cessons totalement de nous parler. Plus un son, juste le vent et des pensées. J’ai l’impression de dormir et en même temps d’être plus vivant que jamais. Apres être descendus, nous remontons sec, nous savons tout deux ce que cela signifie, encore du chemin, encore du dénivelé, elle paraissait pourtant si proche… Mais pas un mot, cela ne sert à rien.
4h40 au panneau, ma montre sonne le second réveil de la veille, il y a à peine 24h…
Nous qui avions peur de la foule, peur de ce retour, c’est bien qu’il se passe ainsi.
5h00, les cloches d’Amélie sonnaient à notre départ et là, dans la mer, ce sont celles de Banyuls que l’on entend…
Sommets parcourus:
Bonjour Sebastian;
my french is very bad, that is while I am writing to you in English.
Thanks you very much for your inspiration and information in your blog about the pyrenean.
This summer I will also attent the crossing in 3-4 weeks and currently I am trying to figure out, how I will handle the weight and costs of the maps. How did you do that?
Do you still have them? Do you have copies of the track parts? Do you have an idea where I could buy used once?
Thank you very much for your answer.
Greetings from a fellow hiker and ski tourer 😀
Constantin
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Hello,
The best is to have the 1/50.000 map and cut only the part you want (20cm on each side of the path for example) and mark the path on it (with the book « HRP George Veron », very helpful guide).
The final weight for all is around 300g. You can buy it from internet (« carte rando édition ») or in french book shop like « vieux campeur », there is french and spain version depending the area.
It’s possible to print similar map from internet but it takes time and I don’t know the method. Fred tried on this trip and the map have a scale problem, too small, unreadable (we lost several times).
For used one, I think it will be very difficult to find this 8 or 10 maps.
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Thanks for your response!
This is helpful!
Currently I tried to work with:
http://www2.ign.es/iberpix/visoriberpix/visorign.html
http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
but you are right with the scale 😀 it is not really brilliant, but I think it might work …
which is hard to say if one doesn’t know the area before hand …
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Bonjour wouaou, je vais relire tout votre parcours c’est une super aventure, je n’aurais que 15jours, je vais partir de la maison en Andorre et aller ver l’atlantique, jamais je n’arriverai a la plage mais bon! Une chose pour les ravitaillements a part les déposes faite par vos amis, ou cachier vous la nourriture, il faut bien sur que personne ne la trouve avant vous. Merci
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Nous avons mis la nourriture dans des sacs poubelles que nous avons enterré dans des endroits hors zone de passage. Il faut bien emballer pour éviter les odeurs qui pourrait attirer les animaux. Si l’idée est la distance, il y a des variantes qui permettent de diminuer le dénivelé, les sommets, etc. Mais je pense qu’il est préférable de prendre le temps de bien explorer la chaine, de gravir les sommets et revenir plus tard pour rejoindre la mer !
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Merci beaucoup, du coup je préfère dormir en haut des pics que d’arriver a la plage, bon je vais faire ça, cacher des sacs, j’avais un peu peur que des gens les embarques. Bon je prépare ma pèle et le week end prochain je vais aller cacher a manger… en espérant tout bien retrouver… J’espère que mon tarp sera suffisament waterproof. merci
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salut les mecs
Quel plaisir d’avoir lu vos péripéties franchement bravo vous êtes des malades maintenant c’est confirmé.
la HRP en tarp punaise les gars faut en vouloir loool
merci pour ce moment magique!!
Bye
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