A force de tourner autour du Pic Long, il était temps d’aller lui rendre visite ! Mais tant qu’à faire, autant opter pour un itinéraire ignoré (et pour cause !).
Direction le cirque d’Ets Lits (ou Eres Lits) où il doit exister un passage pour atteindre le lac Rabiet. Vendredi soir, nous montons au dessus de la centrale électrique de Pragnères avec Samuel et Yann et nous garons la voiture au pont de Crabiou (1270m). Départ de nuit le lendemain, cheminement facile jusqu’au pied des parois du cirque. Absolument pas engageant, nous cherchons et sur la gauche un cairn invite à passer dans cette gorge où s’écoule un torrent.
Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit de la gorge de Marraut et que c’est également un choix possible d’ascension mais le premier est bien dans cette face, droit dedans, louvoyer au milieu des barres rocheuses et des pentes herbeuses raides.
Rassurés par ce cairn, nous remontons le torrent. Rochers glissants, terrain délité, aller-retour sur chaque berge, passer au mieux, oublier l’idée de garder des chaussettes sèches. Quelques passages demandant un pied vraiment sûr (nous mettrons la corde à l’aller pour le troisième et tirerons un rappel à la descente). L’ensemble est mal commode et il suffirait d’un peu plus de débit pour rendre cet accès impraticable.
Du sauvage, c’est ce que nous étions venus chercher. Nous débouchons sur le lac Rabiet et faisons une pause à la cabane en amont. La suite vers les Crabounouse est évidente et le replat parsemé de légers vallons à près de 3000m est autant inhabituel que saisissant. En toile de fond, le Pic Long, bordé à gauche par la longue crête s’étirant jusqu’au Turon tandis qu’au loin sur la droite, s’élèvent les sommets du massif du Mont Perdu.
Du Crabounouse Nord, nous restons en bordure de crête, passant une fois par le bas pour contourner une difficulté. Détour longuet, un petit rappel aurait évité ce dénivelé. Le Pic Long s’accède ensuite par de l’escalade facile effectuée sous les battements d’ailes d’un couple de gypaètes. L’idée est de filer au Campbieil en faisant tous les sommets entre les deux. Et c’est ce désir de faire toutes les proéminences de la crête qui nous évite de suivre les cairns descendant et de s’embarquer dans les éboulis du bas, beaucoup moins aisés aux dires de Yann.
Le Maou nous gratifie de notre présence en se révélant bien plus beau de près que ce qu’il pouvait laisser présager de loin ! Des roches rougeâtres l’entourant émerge cette dalle blanche en rocher finalement tout à fait correct. La longue descente vers le Campbiel se fait heureusement dans un pierrier à la granulométrie fine permettant une foulée bondissante rapide. La montée au Cambieil puis à l’Estaragne se fait à rythme doux, de quoi apprécier le coucher de soleil au sommet, couronnant une petite journée de 2700D+.
Retour au Pic Long par le bas, bivouac au premier espace plat trouvé. Direction le Maubic le lendemain, de longs pierriers de bout en bout. Au sommet, il nous manque que l’Aiguille Tourat pour boucler tous les 3000 de ce secteur. Premier encordement de la sortie et avec raison, peut être dû à un mauvais choix d’itinéraire. En tête, un genoux coincé dans une faille, une cordelette jetée en l’air pour faire un point d’assurage psychologique, je m’engage et débouche de manière inattendue pile au sommet.
Paysage toujours aussi grandiose, d’un coté la vallée sauvage du lac Tourrat et de l’autre celui de Cap de Long. Descente inconfortable, bien choisir sa goulotte est primordial et opter pour la première venue n’est pas forcément une bonne idée ! Passage au col des Pécheurs et retour par l’itinéraire de montée. Nous cherchons à esquiver la gorge de Marraut, sans succès, rien n’apparait.
Le ciel bleu s’éteint face au brouillard montant, l’humidité stagnante de la gorge s’étale des roches aux parois, le goulet se ressert, les rayons du soleil disparaissent et une chape lourde s’installe. Seul le son étouffé du torrent rythme la progression, les yeux scrutent sans cesse la parois à la recherche d’un itinéraire bis et, finalement, sans meilleure solution, il ne reste plus qu’à apprécier l’excursion. Un rappel de 35m nous évite le passage difficile (25m suffisent), le reste se fait tranquillement. Retour à la voiture en grignotant des faines bien grasses.
Sommets parcourus dans l’ordre d’ascension:
Crabounouse Nord 3016m
Pale Crabounouse 3021m
Bugarret 3031m
Dent d’Estibère Male 3017m
Pic Long 3192m
Aiguille Badet 3135m
Badet 3160m
Maou 3074m
Campbieil SSW ou Lentilla 3157m
Campbieil 3173m
Estaragne 3006m
Maubic 3058m
Aiguille Tourrat 3014m
Un magnifique diaporama des hauteurs bien minérales du coin. Merci de le faire partager, c’est précieux et motivant.
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Merci pour ce commentaire, cela incite à continuer de poster !
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