Du Boum au Quayrat: les seize 3000 de la crête

Lorsqu’on a parcouru le Perdiguère, difficile d’oublier cette immense muraille s’élevant à la frontière où même les sommets ne dépassent guère. 

C’est le projet que j’ai certainement gardé le plus en tête avant de pouvoir le réaliser. Cet enchainement long nous avait fait privilégier un weekend de trois jours mais la météo ne fut jamais bonne et c’est donc sur deux jours que nous décidons d’essayer de le boucler.

Nous partons le vendredi soir de la vallée du Lys un peu en dessous de Superbagnère. Le plafond nuageux est très bas, l’air saturé d’humidité et la chaleur est étouffante. Dans la pénombre de l’épaisse forêt, nous suivons le ruisseau Houradade et profitons de la bruine de ses cascades pour dégouliner encore un peu plus. Minuit, la cabane de Prat Long, un faon contre un mur et l’intérieur sent fort le mouton. Ca ira très bien.

Levée à 6h, nous partons vers le Boum par la voie normale. Après réflexion, nous allons éviter l’arête entre Boum et Maupas, le rocher y est apparement trop mauvais. Montée sans difficulté et retour sous le Maupas où l’ascension est également aisée. Là commence les hostilités, nous n’allons plus quitter l’arête jusqu’au Lezat.

Le rocher est excellent, des passages parfois aériens très agréables et des difficultés très modérées (PD), un vrai plaisir. Les pics de Navarro, Rabada et Remune s’enchainent facilement.

Passé le col des Crabioules, un nouveau type d’arête apparait, plus aérienne et à la grimpe plus soutenue (AD+). Un pas de III défend la seconde aiguille Jean Garnier puis commence l’ascension des Crabioules. Le rocher est bon, quelques prises bougent mais rien d’incommodant. La jonction entre les deux sommets se fait aisément. La descente des Crabioules est par contre plus problématique.

17h, arrivée à la Pointe Mamy, à force d’attention, la fatigue commence à se faire sentir. D’autant plus que la suite de l’arête (pointe Lacq et pointes Lezat) est peu engageante et parait complexe. Nous avons le temps, manger un bout, dormir une demi-heure. Nous gravissons et descendons la Pointe Lacq. A sa base, à notre gauche, un couloir raide descend au lac du portillon. Rien de mieux à porté de vue et les terrasses plates en contre-bas sont trop accueillantes !

Dès que la désescalade se complique, nous attachons un bout de la corde à double de 50m et descendons sur un seul brin (non recommandé, la corde n’est pas normée pour cet usage). Pas besoin de la récupérer, elle nous permettra de nous assurer à la montée le lendemain.

20h, prêt pour le bivouac sous les étoiles. Levée à 5h et retour en haut du couloir assez rapidement, l’ascension de celui-ci n’étant pas difficile. Par contre, l’enchainement des pointes Lézat (l’inférieure, les deux centrales et la supérieure) est émaillé de complication.

Si le cheminement est évident à peu près partout (pas de demi-mesure et le coté le plus facile se trouve aisément), nous nous sommes plantés pour l’ascension de la troisième aiguille. Après avoir tiré un rappel pour descendre dans la brèche entre la deuxième et la troisième pointe (évitable en restant sur le fil de l’arête), nous prenons le bon chemin, une vire étroite ascendante avec quelques touffes d’herbe, mais arrivés en haut, cela semble trop compliqué et nous redescendons. J’attaque alors droit dans la face au mauvais endroit et dois tirer un rappel en catastrophe (sur un friends et un minuscule béquet…) après une vingtaine de mètre d’ascension.

Nous trouvons finalement le second passage possible, plus à droite, qui oblige en haut à un pas de IV sur une dalle fissurée. Passé cela, le Lezat est encore loin mais les difficultés sont moindres. Arrivés à son sommet, nous n’avons plus la moelle pour l’arête AD menant au Quayrat et préférons le long détour consistant à descendre le Lezat par la voie normale, à rejoindre le col entre le Petit et le Grand Quayrat pour gravir ce dernier par un chemin facile.

A la descente (peu cairné jusqu’à la cabane de Sarnes / Prat Lastoué alors qu’une barre oblige de trouver le bon chemin), nous jetons un oeil aux anciennes mines et apprécions la forêt qui suit, une des plus sauvages rencontré dans les Pyrénées. Enfin, la cascade d’Enfer vaut effectivement le détour.

Sommets parcourus (ordre d’ascension):

Pic de Boum 3006m

Pic de Maupas 3109m

Pic Navarro 3043m

Pic Rabada 3045m

Tusse de Remuñe 3041m
Aiguille Jean Garnier 3025m
Crabioules Occ. 3106m
Crabioules Or. 3116m

Pointe Mamy 3048m

Pointe Lacq 3010m

Aig. Inf. de Lézat 3023m
Aig. Cent. SE de Lézat 3037m
Aig. Cent. NW de Lézat 3058m
Aig. Sup. de Lézat 3069m

Pic Lezat 3107m

Grand Quayrat 3060m

 

Info utiles:

Jean Garnier: https://www.mendikat.net/com/mount/9443

Pointe Mamy et Lacq: https://www.mendikat.net/com/mount/12354

Pointes Lézat: https://www.mendikat.net/com/mount/12356

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