Ha Tchihatcheff ! Depuis le temps que j’entends parler de son rappel, il ne nous a pas déçu !
La météo n’est pas stable et il y a des risques d’orage le samedi soir ainsi que le dimanche, la crête de Llosas étant assez longue, nous dérogeons à nos habitudes de mangeur de dénivelé et optons pour l’option plus rapide du bus de 5h15 à Plan de Senarta, celui-ci amenant au refuge de Ballibierna à 1950m (cette piste étant fermée au véhicule particulier).
Nous remontons le vallon de Coronas et accédons à la crête de manière évidente (cheminée large décrite dans les topos), le parcours qui s’en suit est également assez évident sauf à l’arrivée au pied de Tchihatcheff, un pas de 3 ou 4 permet normalement de débuter l’ascension mais nous n’avons vu à la hourquette qu’une paroi de 2m légèrement déversante peu avenante, le coté droit n’est guère mieux. C’est donc à gauche que nous descendons légèrement pour récupérer une genre de vire assez facile (PD) qui permet d’accéder à la dalle qui mène au sommet.
Et là arrive le fameux rappel de 35m ! Nous avons nos deux brins de 50m pour l’occasion et tout guilleret nous descendons. Les deux compères sont donc en bas et tirent joyeusement sur la corde pour repartir. Et là, rien. Rien ne bouge, la corde est coincée en haut et nous ne dégageons qu’un mètre en tirant alternativement sur chaque brin. Il faut voir l’énergie que peut déployer deux types qui ne veulent pas remonter 35m à la pédale… Mais rien à faire, nous préparons nos prusiik et je m’y colle. C’est une technique que nous n’avons jamais fait et étonnamment nous faisons exactement le bon montage, ci-dessous deux vidéos bien faites avec sur la seconde la technique utilisée:
Arrivée en haut je constate que les cordes ont vrillé autour du maillon rapide. Je défais le tout et relance les deux brins, le vent les emporte et je manque de les coincer de l’autre coté de la paroi… Samuel me dira qu’il rigolait bien en bas !
Après Tchihatcheff, le reste de l’arête devient plus monotone au point que lorsque nous voyons le reste du chemin à parcourir, l’envie nous vient d’essayer une autre crête et nous profitons d’un col pour partir à l’est vers la crête sud de l’Aneto, notée comme PD+, assez rigolote, elle nous amène au pied de l’Aiguille Escudier.
De l’Aneto nous descendons faire l’aiguille du Col de Coronas qu’il nous manque et par flemme nous grimpons par le sud, mauvaise idée, le rocher est croulant et l’ensemble est exposé, il vaut mieux rejoindre la brèche montant à la crête du Pic Maudit et accéder à l’aiguille par ce coté nord.
A 17h20, après plus de 10h d’alpi, nous aménageons une plateforme sur le glacier de l’Aneto et profitons du déversement de la mer de nuage dans le vallon voisin.
Le lendemain, la journée devait être courte avec seulement deux 3000 manquant à visiter, l’Antécime NE. de la Maladeta et le Pic Col de la Rimaya. Le premier s’avère être un beau sommet offrant un belvédère remarquable sur la crête du Maudit et surtout son accès se fait par une crête joueuse méritant sa cotation AD. Le second est d’un tout autre acabit et se classe dans notre top 3 des ascensions à ne pas refaire, malgré la cotation PD, rien n’est évident, l’ensemble est croulant et nous avons même laissé une sangle pour tirer un rappel dans ce tas d’éboulis. Un sommet à certainement faire en neige. Nous finissons en milieu d’aprem et abandonnons l’idée de visite à l’Aiguille d’Abadias.
Retour longuet au parking du Plan de Senarta via le vallon de Cregüeña.