Listes d'équipement
Itinéraire
(Approximativement, les détails sont dans le récit).
Récit
J-1: Samedi 16 mars 2013, Yann part de Bordeaux et moi de Paris, nous nous rejoignons à Londres. Je n’ai pas de bagage en soute et seulement un sac cabine, Yann ayant le sac commun avec les deux paires de ski et une partie de mon matos qui ne passe pas en cabine (piolet, couteau, etc).
Mon sac à dos contient par contre les 11 jours de nourriture et le reste de mon équipement. Le ranger et le comprimer de sorte à ce qu’il passe en cabine s’avère complexe. Le « va falloir l’ouvrir monsieur, on voit pas dedans, c’est trop compact » de l’agent de sécurité de Roissy me confirme que j’ai bien fait mon boulot !
Une fois à Londres, je réveille Yann arrivé plus tôt. Il est minuit passé, il est temps de concevoir notre itinéraire…
Ce n’est pas très concluant, prendre la direction de Kistufell est intéressant mais traverser le glacier du Vatnajokull semble vraiment problématique. Finalement, on verra bien sur place.
En passant, mon co-équipier a bien pensé à tout prendre, sauf mon matelas, une broutille quoi.
Note de Yann: De mon coté, j’ai passé l’après-midi au soleil près de l’aéroport de Luton à lire « Latitude zéro » de Mike Horn… il a fait chaud à Londres, j’ai bronzé, Mike Horn a eu également chaud… mais nous nous allons en Islande, nous risquons d’avoir d’autres températures !
J0: Nous arrivons le matin à l’aéroport de Keflavik et nous apprenons que notre vol intérieur qui part dans 2h est à l’aéroport de Reykjavik, la capitale. Bon point pour trouver un matelas. Sauf que nous sommes dimanche..
Par chance, le chauffeur du bus nous apprend qu’un centre commercial est ouvert dans l’après-midi. Décision est prise d’acheter un vol pour Arukeiry en fin de journée, je resterai ici pour trouver un matelas tandis que Yann prendra le vol déjà payé et s’occupera de trouver du gaz sur place.
Le choix est restreint et c’est avec un Ridgerest Solar Large sous le bras que je retrouve Yann. Après de sévères découpes, sa taille a fondu et le résultat est plutôt pas mal.
Le vol intérieur nous a permis de voir que le manteau neigeux est bien présent et que nous allons pouvoir skier.
Seule la côte n’est pas enneigée et nous devons porter les skis. Avec les 11 jours d’autonomie, nous avons 17kg sur les épaules mais comparé à la pulka normalement indispensable, c’est le pied !
Concernant le volume, il est contenu et nos sacs ne font pas plus de 50L.
L’aéroport se trouve sur la rive Ouest du fjord et nous voulons grimper rapidement sur les vallons de la rive Est pour trouver de la neige. Nous rejoignons le grand pont au Nord, le long de la nationale 1 et posons le bivouac après 5 km de marche.
La tente est une 3 places, il nous fallait au moins ça pour être bien !
J1: La météo est mitigée et la visibilité moyenne, nous allons continuer par la route et monter par le vallon Tungnafjall, plus accessible.
S’en suit une marche sur goudron chiante malgré les prémices de paysages magnifiques, les sacs sont lourds, premières ampoules pour moi.
La route goudronnée s’arrête à la jonction de la 821 et de la 827 que l’on remonte jusqu’à sa fin, à la ferme de Thormóôsstadir.
Promo sur le bidon turquoise ?
C’est à partir de là que nous chaussons les skis. Le sac s’allège de 2,5kg et les pieds paraissent légers au possible car nous glissons enfin.
Nous profitons de trouver encore de l’eau liquide mais la récolter s’avère quelque peu périlleux.
Nous avons remonté le vallon sur une dizaine de kilomètres quand nous décidons de poser le bivouac. La visi s’est encore réduite, il n’est pas possible de voir à plus de 30 mètres.
Nous dormons à 950m d’altitude.
J2: De la neige et du vent cette nuit, nous continuons de grimper dans le vallon blanc.
La météo, comme la visi, plutôt bonne en début de journée, se dégrade rapidement au point que nous devons monter la tente pour faire une pause. S’arrêter plus de 5 minutes sans être abrité n’est pas possible.
Nous avons navigué toute la journée à la carte et au GPS et avons trouvé de temps en temps des piquets sortant du manteau neigeux, bien pratiques mais très difficiles à suivre sans visibilité.
Le ciel se découvre au moment de poser le bivouac.
Nous ne sommes pas parvenus à rejoindre Laugafell aujourd’hui, il nous reste 8km à faire. Notre kilométrage journalier est bien inférieur à ski qu’à pied et ce n’était pas prévu, nous allons devoir aménager nos plans.
Si nous continuons à ce rythme (25-30km/jour), nous pourrons rejoindre Kistufell mais nous n’aurons pas assez de temps sur le glacier. Notre objectif est de faire une traversée et nous décidons donc de longer le Vatnajokull par l’Ouest sans y grimper. Cet itinéraire permet également un échappatoire par une route plus importante atteignable en 8 jours.
J3 (narrateur Yann): En 2h, arrivée à Laugafell sous le soleil.
Nous trouvons rapidement la piscine chauffée. Baignade entourés de neige, magique.
Une cabane toute équipée près du bassin est ouverte. Nous en profitons pour faire sécher toutes nos affaires, nous reposer et nous rassasier.
A 14h30, nous prenons tout notre courage pour poursuivre la route (après une deuxième baignade). Nous parcourons 20km en direction de Nyadilur. L’itinéraire est très plat, nous sommes à une altitude de 800 à 850m. La visibilité est belle, les 2 sommets Laugafell (879m) et Laugafellohnjukur (997m) sont visibles.
Nous traversons un lac gelé.
Le bivouac se fait dans un lieu bien exposé, il y a très peu de relief à cet endroit.
J4: Grand beau, peu de vent et visibilité excellente, nous allons pouvoir tracer tout droit vers Nyadilur. Nous enchaînons les heures sans pauses, trop heureux de glisser dans ces déserts blancs sous le soleil.
Les flancs du glacier Tungnafellsjökull commencent à apparaître. A son pied devrait s’y cacher le refuge.
Pause sous la tente.
Et nous arrivons vers 15h au refuge.
Une des cabanes est ouverte mais le sas entre les deux portes est rempli de neige. Nous peinons à la dégager par le maigre interstice. Apres 20 minutes, j’arrive à passer.
Petite accommodation de quelques restes présents au refuge.
Malgré le beau temps, nous décidons d’y rester dormir, nous avons bien marché ce matin et ce début d’aprem pour avoir la conscience à peu près tranquille !
J5 (narrateur Yann): Temps exceptionnel, pas de nuage, ciel bleu, il fait froid mais la vue est très dégagée.
Nous profitons de la beauté du glacier Hofsjokull et de la très belle montage Arnarfellsbrekka (1143m).
Cette montagne a l’air d’être parfois toute près mais en fin de compte, en regardant la carte, on ne s’en est jamais rapproché à moins de 15km à vol d’oiseau.
Nous dépassons la mi-étape entre le refuge que l’on vient de quitter et Versalir (après 24km), Kistualda (774m).
Nous continuons pour planter la tente 8km plus loin.
Très longue étape aujourd’hui (note de Seb: surtout à cause du nombre de photos prises). Très beau bivouac avec une vue magnifique sur le glacier Hofsjökull.
Note de Seb: nous avons mis plus de 2 heures à savoir si l’énorme masse blanche que nous voyions au loin était une mer de nuage ou de la neige… Ce glacier est incroyable.
J6: C’est impressionnant la vitesse à laquelle change la météo dans ce pays. A peine quelques heures après être couché, la tente commence à bouger dans tous les sens et malgré nos boules quies respectives, nous sommes réveillés plusieurs fois par le vacarme.
La visibilité est nulle, le vent fort et de la neige fondue trempe nos vêtements.
Nous suivons la piste d’été F26 au GPS quand nous perdons sa trace aux environs du premier gué.
Nous finissons par trouver un passage plus large où les 10 – 15cm d’eau par endroit nous permettent de passer les 10m de rivière sans enlever les chaussures.
La trace est vraiment pénible à faire aujourd’hui, la neige est gelée en surface et mes écailles n’accrochent plus. Les portions de D+ n’arrangent rien.
Le soleil pointe son nez mais le vent forcit à l’approche de Versalir où un pont permet de traverser un large cours d’eau.
Le refuge est fermé, nous plantons la tente à quelques encablures pour manger et se reposer. Nous n’avons pas pu faire de pause de la matinée à cause de la météo.
Le soleil se maintient, le vent forci nous décidons de poursuivre. Le test du SRN à voile s’avère concluant…
En fin d’aprem nous finissons par mettre les skis sur le dos car la piste F26 est praticable à pied. Nous avions dû mettre les peaux pour pouvoir avancer à cause du vent et de la neige glacée.
Bivouac dans un léger creux pour essayer de s’abriter du vent.
J7 (narrateur Yann): Longue journée de marche, grand soleil mais vent arrière 3/4 horrible avec des rafales très fortes.
Il est difficile de rester debout, nos chevilles morflent, comme les épaules. Cependant, comme nous ne pouvons pas faire de pause, nous progressons vite.
A 13h30, Sebastien construit une muraille de neige qui nous permets de nous abriter pour le repas et une sieste.
Cette journée est certainement la plus éprouvante, nous ne pouvons même pas apprécier le paysage.
En fin d’aprem nous arrivons au barrage de Vatnsfellslong où nous trouvons un blockhaus pour nous abriter.
Nous sommes arrivés à la jonction avec la route rouge, notre échappatoire, avec 2 jours d’avance. Nous décidons de continuer jusqu’à Landmannalaugar où plusieurs options s’offrent à nous pour achever la traversée.
Bivouac dans un champ de scories enneigé.
Lait en poudre – chocolat – semoule – sucre !
J8: Objectif de la journée: Landmannalaugar. La perspective d’un bain chaud nous donne des ailes.
Entrée dans le parc naturel de Fjallabak.
De vieilles traces de moto-neige viennent ternir la pureté des lieux.
La Landmannalaugar est défendue par un passage de gué. Plutôt agréable à passer sachant les sources d’eau chaude normalement toutes proches.
Sauf que 100m plus loin, un nouveau gué à passer. Beaucoup moins drôle, surtout avec le temps que cela prend de se déssaper et de se rhabiller.
Arrivée à 14h après 31km parcourus, le refuge est ouvert et il n’y a strictement personne.
Nous établissons les priorités: gros gueuleton – aller se baigner – manger à nouveau – re baignade – lessive – repas du soir
Journée sera extrêmement bien remplie !
Le bonheur de courir à poil dans la neige.. !
C’est notre deuxième et dernière nuit dans du dur.
Pour l’itinéraire, nous avons de l’avance sur nos dernières prévisions et décidons de rejoindre le sud par le chemin d’été, plus alpin, qui mène à Thorsmork.
J9 (narrateur Yann): Nous quittons avec regret les eaux chaudes pour grimper vers le refuge de Hrafntinnusker.
Le paysage est fantastique, lunaire.
La plupart du temps les skis sont aux pieds cependant quand la pente est forte, Sebastien préfère la méthode « sanglier », droit dedans.
Le refuge est fermé ou du moins la porte est bloquée par plusieurs mètres de neige, nous ferons une petite pause sur le pas de la porte.
Il fait glacial malgré le soleil.
Nous repartons pour 11km de montées et de descentes à travers un toujours aussi beau spectacle.
La descente à ski vers le refuge d’Alftavatn est très rapide.
Nous y sommes à 14h et une cabane est ouverte (avec cuisine et matelas) mais nous préférons continuer notre progression.
Nous dépassons le troisième refuge d’Hvanngil (fermé) et traversons une plaine déserte blanche.
Désagréable surprise de trouver un gué large et profond, difficile d’accès avec des berges enneigées.
Nous continuons à skier 1km après la traversée pour nous réchauffer.
Bivouac sur la plaine avec construction d’un mur de protection contre le vent.
J10: Nous continuons en direction de Thorsmork sous le soleil mais la température est dans les plus basses que nous ayons rencontré.
L’épaisseur de neige s’amincie et nous ne tardons pas à déchausser.
Pour finalement remettre les skis quelques kilomètres plus loin.
Nous restons rive ouest, glissons encore un peu et enlevons les skis, cette fois c’est bien fini.
Retour à la civilisation, nous suivons une piste au milieu d’un petit canyon où nous ferons une pause sieste puis nous longeons le volcan Eyjafjoll qui a explosé en 2010.
Passage de deux gués, l’eau est toujours aussi froide..
Encore quelques heures sur une piste un peu plus carrossable, des fermes commencent à apparaitre le long de la montagne à l’ouest. Puis c’est le contact avec le goudron, la traversée est sur le point de s’achever.
Nous apercevons d’autres têtes humaines que les nôtres à travers les vitres des deux voitures croisées ce soir, cela fait 10 jours que nous n’avons vu personne.
Ce long ruban noir finit par arriver à une jonction qui mène à Vik, encore quelques pas, il est tard, nous posons le bivouac en contre-bas.
Le lendemain, nous marchons la matinée et faisons du stop pour rejoindre Reykjavik. Notre vol est le lendemain, juste le temps d’aller visiter un peu et de faire un tour à la piscine municipale où nous profiterons une dernière fois des eaux chaudes du pays !
Le petit film: http://www.youtube.com/watch?v=sTSPzqQ4H84&list=UUb4JZAWG4WuUepC7aQLG3tQ&index=4
Et le bêtisier !
http://www.youtube.com/watch?v=Pa3q0Y_Wlak&list=UUb4JZAWG4WuUepC7aQLG3tQ&index=3
Bonjour,
Merci pour votre article.
J entreprend cette traversée en février. Connaissant bien hors hiver, l’essentiel de mes interrogations repose sur le passage des gué. Je lis que vous en avez passé a pattes. Le niveau et le courant n’a jamais été un soucis ?
Au plaisir de vous lire
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Bonjour, le courant est effectivement un problème et il est difficile de répondre car il peut changer très rapidement, on a observé des baisses entre le soir et le matin par exemple selon la fonte de la neige surement. Il faut surtout prendre le temps de chercher le meilleur passage, souvent en remontant vers l’amont et en cherchant les endroits où la rivière se divise en un maximum de bras.
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