Agneaux (3664m), Bivouac au Dôme (4015m) et Barre des Ecrins (4102m)

Teasing Ecrins

Liste d'équipement

Suite du récit de 8 jours d’alpinisme dans les Ecrins (début de l’article)

L’objectif est maintenant de faire quelques sommets autour du glacier blanc et nous partons cette fois du Pré de Mme Carle (1874m) en début d’aprem. Nous nous retrouvons 1h30 plus tard au refuge du glacier blanc (2542m).

Deuxième photo: Pelvoux, Sans Nom, Ailefroide.

Nous voulons commencer par la montagne des Agneaux et dans l’idéal y dormir pas loin cette nuit.

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L’itinéraire est plus compliqué que prévu !

Le pierrier est vraiment long et instable du fait de la pente assez forte pour atteindre le col du Monêtier (3339m).

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Là un petit espace plat pourrait servir au bivouac mais nous préférons avancer encore pour trouver mieux.

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Arrivés à mi-chemin entre ce premier col et le col Tuckett, je pars en avant chercher un espace de bivouac. Je trouve un vague promontoire rocheux au milieu du glacier où avec pas mal d’imagination un espace de bivouac pourrait se dégager. J’appelle Yann et commence à m’activer pour rendre l’endroit confortable.

Nous finissons par construire une parfaite aire de bivouac bien plate (altitude 3398m d’après l’altimètre), un peu de neige mis par dessus rend l’endroit extrêmement confortable.

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La météo est grandiose et un bivouac à la belle étoile s’impose. Il serait dommage de se priver de la vue que nous avons juste en face de nous.

Après une bonne nuit, la météo le lendemain est finalement mitigée et nous sommes réveillé par quelques gouttes de pluie.

Il y a pas mal de nuages mais deux cordées sont déjà en direction du col.

Nous attendons un peu et une éclaircie finit par nous décider à commencer l’ascension.

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Les premières longueurs jusqu’au col ne sont pas compliquées et les assurages sont faciles à poser.

La montée depuis le col est le seul passage un peu plus ardue, ensuite l’arrivée au sommet à 3664m est un peu longue mais est composée de pas très simples sur rocher.

(Notre espace de bivouac juste en face de moi, en contrebas)

Nous tirons 3 petits rappels pour descendre jusqu’au glacier et descendons ensuite rapidement vers le refuge du glacier blanc pour faire sécher nos affaires.

Après une petite sieste nous commençons la montée.

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Nous aidons une cordée en difficulté : une personne est tombée dans une crevasse à travers un pont de neige. La victime est à environ 4m en dessous de la surface du glacier. Quand nous arrivons, c’est un peu la catastrophe et le stress, le plus expérimenté de la cordée serait dans la crevasse… du classique quoi ! Nous aidons à tirer sur la corde. Aucun mouflage n’a été fait mais nous sommes 5 à tirer maintenant. En 2 minutes, la personne est remontée juste en dessous des lèvres de la crevasse. Bizarrement quelqu’un lui a fait parvenir un piolet. Yann se vache sur leur corde près du bord et le tire par les bras. Pas de casse, il a seulement perdu un crampon et son propre piolet. Ils font demi-tour.

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Nous passons devant la bifurcation pour monter au refuge devant les regards interloqués des personnes présentes et nous commençons à chercher une aire de bivouac au trois quart du glacier.
Il y a de l’eau qui serpente partout et peu d’espace en neige où un terrassement serait possible, nous cherchons donc plus haut dans les rochers.
Nous trouvons finalement un coin à peu près plat où nous devons encore bouger pas mal de rocher pour en faire une aire de bivouac accueillante.

Nous sommes aux premières loges pour admirer le coucher de soleil sur les Agneaux et notre sommet du lendemain, le Dôme de Neige des Ecrins à 4015m.
Encore une fois, une nuit à la belle étoile s’impose.

Nous sommes la dernière cordée à partir le lendemain matin (7h30 en bas de la barre).

Yann a déjà fait ce sommet deux fois dont une avec moi, nous savons qu’il n’y a pas de difficulté particulière à part les 900D+ à cette altitude et l’exposition aux chutes de sérac.

Ce sera une journée repos vu qu’une fois arrivés au sommet nous n’avons plus rien à faire… Nous dormons la haut !

Nous mettons 2h pour atteindre le Dôme et 2h de plus de terrassement pour rendre l’endroit propice à une bonne nuit, nous consacrons le reste de la journée à admirer le paysage.

Yann a amené de la lecture, sous le double toit de sa tente il fait 33°C !

Des planeurs viennent régulièrement nous rendre visite, sûrement surpris de voir du monde ici à cette heure là !

Nous sommes seuls au monde, perchés ici avec la barre comme unique point nous surplombant. C’est une sensation grisante, pas un bruit, une vue entièrement dégagée à des centaines de kilomètres à la ronde, avec pour seul contrainte de suivre la course du soleil et d’observer les ombres mouvantes des montagnes qui nous entourent. Et à la fin, le coucher du soleil comme ultime spectacle d’un bivouac incroyable.`

La nuit n’est pas froide, seul le vent occasionne un peu de bruit dans nos abris.

Le lendemain nous partons vers la Barre des Ecrins en même temps que le soleil se lève. La brèche Lory (3974m) est glacée et l’accès à la première longueur de rocher se fait prudemment.

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Le reste de la course se fait en corde tendue, il n’y a pas de difficulté technique mise à part la pente raide des deux cotés.

Nous sommes les premiers et progressons à un rythme convenable. Nous passons au Pic Lory, 4088m et atteignons le sommet de la Barre à 4102m quelques minutes plus tard.

A la descente nous croisons le guide rencontré au sommet de la Meije, on lui avait parlé de notre projet de bivouac et il rigole bien quand nous lui disons que nous avons effectivement dormi au sommet du Dôme 😀

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Nous descendons à la brèche Lory en tirant deux rappels et entamons la descente dans une neige déjà bien transformée.

45min plus tard nous sommes sur le glacier que nous parcourons d’une traite. Beaucoup de crevasses et de ponts de neige, rien de rassurant, nous préférons faire notre pause à la jonction avec la terre ferme. Nous rejoignons ensuite assez rapidement le parking où des Cocas presque frais nous attendent.

Fin d’une semaine géniale, des sensations à la pelle, des bivouacs parmi les plus beaux que j’ai réalisé, des images et des panoramas plein la tête et encore plus d’idées de sommets à visiter !

 

Ps: Un bivouac à cette altitude ne s’improvise pas et nous n’encourageons personne à faire de même. Nous sommes expérimentés et normalement capable de gérer nombre de problèmes qui peuvent subvenir dans ce milieu. J’ai volontairement omis de parler d’engagement, cela ne veut pas dire que cette notion est absente. La simplicité du récit ne doit pas être confondue avec la réalité 😉

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