PCR: Pacific Coast Road – Traversée des Etats-Unis: 3300km sur la côte ouest

Teasing PCT PCR Vrai Final

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Liste d'équipement

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Retour au type qui me prend en stop et me dépose sur la route qui apparemment va me permettre de rejoindre une plus grande ville (Bakerfield) où je peux trouver des bus pour San Francisco.

J’ai prévu des bouts de carton pour le stop pour parcourir les 160km mais au bout de 3h d’attente, toujours rien. Avec pancarte, sans pancarte, avec sac un peu dissimulé, avec sac sur le dos, avec sourire, avec grand sourire, rien n’y fait.

Finalement, un couple de mexicain s’arrête, super sympa je me cale à coté des enfants et la femme m’offre tout de suite une bouteille de fanta et un paquet de chips, royal ! Et encore meilleure nouvelle, ils vont direct à Bakerfield ! Ils ne parlent pas beaucoup anglais et finalement ne parlent presque pas. Le type conduit bien et je n’arrive pas à lutter contre le sommeil, je m’endors.

Bakerfield s’avère être une ville beaucoup plus importante que prévu. Déposé en plein quartier latino, à voir comment on me regarde, ce n’est pas ma place…
Grâce à la photo de google map j’arrive à peu près à me repérer et après 3h de marche, les bus Greyhound situés dans les downtowns sont en vue. Il est 17h, le prochain bus pour SF est à 3h30 du mat… Pas grand chose à faire, je pars me promener avant de pioncer comme je peux dans la gare de bus avec un agent de sécurité un peu trop zélé…

Après un changement de bus, le nouveau est bondé, une seule place de libre à coté d’une fille qui dort. Je sers d’appui tête une partie de la nuit et à son réveil nous engageons la conversation. C’est une allemande qui revient d’un trip avec des amis. Elle a déjà fait un tour à SF et reprend son avion là bas. Elle a des cartes de la ville en trop et m’en donne une ! Et en plus deux adresses pour des auberges de jeunesse !

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Nous arrivons en fin de matinée à SF

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Direction l!International Hostel. Il leur reste de la place, 25$ la nuit dans une chambre partagée avec petit dej inclus.

J’étudie les cartes de la ville quand, quelques minutes plus tard, arrive un français et un québécois venus ici après 2000km parcourus en vélo, nous sympathisons et prévoyons de nous revoir plus tard.

La visite de certains musées est gratuite aujourd’hui, je me décide donc pour celui d’art asiatique et y passe l’aprem

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Toujours surpris de l’importance de la pauvreté dans les grandes villes. Ici c’est presque 1 personne sur 3 qui est sans abri. Jamais vu autant de personnes amputées..
Je ne détonne pas avec mes habits crades, personne ne me demande de l’argent et je sympathise même avec quelques sans abri qui me donnent des bons plans pour gagner de l’argent facilement ou des endroit pas cher pour dormir 🙂

L’auberge dispose d’un ordi, début du projet.
Ayant monté un pignon fixe pièce par pièce cette année au Québec, j’ai déjà un peu de connaissance mais aucune concernant les systèmes de transmission et les spécificités des voyages longs. Lacunes à combler.

Les boutiques de vélo sont également repérées et je commence dès le lendemain à sillonner la ville de long en large.
Même jusqu’à l’océan:

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Soirée avec les cyclistes et je repars le lendemain en quête de mon vélo. Cela s’avère bien plus difficile que prévu. Un vélo d’occasion vaut le prix d’un neuf en magasin. Aucun vélo bon marché style D4. Et sur internet difficile de juger de l’état et impossible de me déplacer pour tous les voir.

Le lendemain, un nouveau tour dans les boutiques non visitées ne donne rien. Dépité, nouvelle recherche sur Craiglist (le bon coin local) pour un vélo d’occas et, coup de bol, un type vient de mettre le sien en vente. Le texte donne confiance et le mec à l’air expérimenté. A l’essai il me convient, moitié du prix neuf, je pars avec.

Les affaires récupérées à l’auberge, je pose mon sac blindé de bouffe sur le porte bagages. Je n’ai jamais roulé avec un porte bagages et le centre de gravité haut me fait chuté aussi bien à pied que sur le vélo… L’air malin… Il me faut des sacoches. Je connais toutes les boutiques facile d’en trouver pour pas cher.

Une dernières petites galères pour trouver une carte routière et je pars enfin sur les routes en fin d’aprem, direction le Golden Bridge.

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Arrêt finalement seulement 2h après être parti. Ma carte routière a une définition trop grande et c’est un vrai bordel pour s’orienter. Je passe un temps fou à tourner pour rien et préfère remettre au lendemain mon vrai départ.

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Un renard passera juste à coté de moi dans la nuit..

Le lendemain après avoir roulé un peu je dois prendre une décision sur mon itinéraire. Soit aller vers l’intérieur des terres, vers yellowstone, mon premier plan. Soit longer l’océan vers la frontière canadienne. J’opte pour la seconde destination, moins éloigné de l’objectif initial du PCT.

Je commence donc à suivre la côte et me rend compte de un, que c’est beaucoup moins plat que ce que j’imaginais, beaucoup de up and down et de deux, que je me prends un vent de face incroyable…
J’apprendrais par la suite que 90% des cyclistes empruntent cet itinéraire vers le sud pour justement avoir ce vent dans le dos… Dans les faits je ne verrais que 3 autres cyclistes allant vers le nord et j’en croiserais une bonne cargaison allant vers le sud…

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La lutte est abandonnée après seulement 50miles (80km) et je me réfugie sous un couvert d’arbres pour couper un peu le vent. Apres l’avoir eu de face, j’ai le vent de coté et par deux fois j’ai fini dans le fossé…

Même en premier pignon, premier plateau, je n’avance pas… Obligé de pédaler dans les descentes. Moi qui pensais avoir une bonne condition physique, le vent me rétame. A chaque montée je suis obligé de faire des pauses, je fais même des pré-pauses avant les côtes parce que je sais que je ne vais pas y arriver…

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Retour sur la côte le lendemain, toujours autant de vent mais les paysages sont superbes.
En me rendant à un office de tourisme et à une station de ranger, j’apprendrais que ce vent est inhabituel. Normalement ça souffle mais pas à ce point là. Ils prévoient encore 3 jours comme ça…

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La vue à quelques mètres de mon bivouac du soir

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Encore une journée de lutte infernale contre le vent. C’était déjà pénible à pied mais ce n’est rien comparé à vélo.
En descente, il suffit d’une rafale pour passer de 20miles à 10miles à l’heure…
Hier je m’étais juré de ne plus mouliner dans le vide et de ne plus utiliser le premier plateau. Parole tenue, je fais des pauses à la place…

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A défaut d’avancer, le vélo va permettre de récupérer du gras !

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Une course cycliste est organisée sur une partie de la route où je suis. Il y a des stands de ravitaillement.
Les gens sont super sympathiques et après avoir pas mal discuté avec tout le monde, une des femmes présentes tient à ce que je reparte avec un bagel au saumon bien emballé et des oranges 🙂

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A quelques encablures de là, une rivière bordée d’une grande plage de sable blanc, le rêve.

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Grimpe pendant 1h et je me retrouve en pleine forêt. L’ambiance est magique, cela fait déjà plusieurs semaines que j’attend ce genre de forêt. Jamais vu une densité d’arbres pareil.
Quasiment personne, une à deux voitures par heure.

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En fin d’ aprem le « drive thru tree » situé dans la ville de Leggett, un arbre dans lequel a été creusé un tunnel où une voiture peut passer. Ma nouvelle carte mémoire rend l’âme au même moment, pas de photo.

Le soir j’aperçois un panneau indiquant une école, bon endroit pour dormir normalement: cela devrait être calme avec du gazon bien plat.
En arrivant sur place, une vielle serre abandonnée derrière l’école. Parfait.

Le lendemain, découverte des forêts aux Reds Woods dans le Humboldt state park. Ce sont des arbres gigantesques, impression de ne pas être à l’échelle.

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La fin d’ aprem se passera par contre sur une highway bien fréquentée, longue et ennuyeuse, à proximité de la ville dEureka. Cela a au moins l’intérêt de me faire tenir un bon rythme pour dépasser les 90miles (144km) parcourus.
La nuit près de l’école ayant été très bonne, l’indication d’un collège à la prochaine sortie est de bonne augure. Et en effet, collège désert, petit coin d’herbe isolé et discret parfait pour un bivouac.
Le lendemain, réveil tranquille avec le jardiner au loin. Il m’a vu, il est temps de partir.

Encore un peu de highway avant de trouver un autre itinéraire qui passe par les campagnes.

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C’est assez dingue, je vois plus d’animaux sauvages sur les routes que sur le PCT

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Cette photo rendra dingue un petit groupe de chasseurs que je rencontrerai plus tard.

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Le soir j’arrive dans la prairie des erks, nom local de ces cervidés, située dans le Redwood national park

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Il sont entièrement sauvages et sont souvent présents ici. Un campground est situé à proximité et pour 5$ je pourrais avoir une douche et un espace plat dans la forêt.
Chiant de payer pour dormir dehors mais exception obligatoire de temps en temps car entre la forêt impraticable, les terrains privés clôturés (avec les panneaux « Armed response ») et la proximité de la route, trouver un espace de bivouac est parfois vraiment difficile.

La plupart de ces campgrounds sont inscrits dans la forêt et l’espace réservé au randonneur ou cycliste est toujours le plus sauvage, à l’autre bout du camp sans installation proche. Les prix sont abordables et j’en profiterais 5 fois en un peu moins de 20 jours de voyage.

Par contre, cela fait quelques jours que des hordes de moustiques sont présentes. Il m’est même difficile de m’arrêter pour boire. Ce matin, après une lutte vaine contre eux, je ferais mon sac dans les douches…

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Je sympathise avec un ranger et il m’emmène voir un arbre complètement brulé à l’intérieur. Il forme une cheminé gigantesque et pourtant il vit encore.

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Fin de la Californie !

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Il y a encore un vent énorme ce soir près de la côte. Apres 10km à manger du sable, j’abandonne et trouve refuge dans un toilette publique de Gold beach. Bivouac mémorable mais c’est toujours mieux que d’être dans le vent.

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Curiosité d’un troupeau de vaches.

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La vue de ce soir:

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Il y a deux jours, un type s’est arrêté en voiture et m’a tendu une carte de visite par la fenêtre de sa voiture, en gros il racole des cyclistes pour son auberge en cours de construction 😀
Pour l’instant il ne fait rien payer et veux juste se faire connaitre. Le type est hyper sympathique et me propose de m’amener à la prochaine ville en mettant le vélo dans son pick-up. Ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de vent et que je ruisselle de partout à cause de la pluie que je vais accepter tout de même !

J’ai donc continué ma route tranquillement en me disant que je passerai une nuit dans son auberge.
Sauf que j’arrive à son auberge aujourd’hui mais en fin de matinée, je souhaite donc continuer mais vais tout de même le saluer. Nous sympathisons et il me propose d’aller dormir chez lui à plusieurs dizaines de miles d’ici car là il part en vacance.
Il me parle de son jardin et de ses chiens de garde qui sont en fait très sympa. Je m’imagine donc avoir une belle pelouse pour dormir. Il me parle aussi de son pote qui travaille là-bas et d’autres trucs que je ne comprends pas trop.
Enfin bref, je le remercie vivement et, après avoir amadoué les molosses avec une poignée de cookies, j’arrive chez lui et son pote me fait « vas-y »  la maison est ouverte, tu peux aller prendre une douche » !
Ok, donc quand le type m’a dit « fais comme chez toi », c’était l’exacte vérité !

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Moi qui pensais que la côte était plate…

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L’impression de faire un remake de « Yes Man », encore aujourd’hui, je n’ai pas pu m’empêcher de dire oui à un panneau « voulez-vous découvrir un centre ornithologique ? »

Et c’est comme ça tous les jours. En plus je fais la connerie d’acheter une carte routière avec des infos pour les touristes… Donc à chaque fois sur ma carte il y a des infos du style « dans ce bled paumé, une des plus belle vue sur la côte… » je m’y rends…

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Remarquez le panneau avec le type. Il ne se baigne pas, non c’est beaucoup trop froid pour ça et il est penché en avant, normal, il lutte contre le vent…

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Juste à côté de l’océan, pour la première fois je vais piquer une tête dans ce décor…

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J’ai roulé pendant 2h en fin d’aprèm, avec un anglais en pignon fixe ! Nous allons dans la même direction et c’est donc naturellement que nous avons commencé à nous relayer pour essayer de minimiser l’impact du vent.

Ce type est un grand malade, il vient de faire plus de 130miles (210km)… Perso je finis beaucoup plus modestement à 109miles (175km), je me rassure en m’étant cela sur le dos du tourisme et des grasses matinées…

Nous dormons au même campground mais repartons le lendemain chacun de notre côté.

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Remarquez encore une fois la position du bonhomme. Voilà exactement comment on roule en Oregon…

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Le soir je retrouve mon copain l’anglais ! Nous n’avons pas roulé ensemble aujourd’hui mais nous avons fait la même distance et nous posons notre bivouac au même campground.

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Le lendemain il me demande si je veux rouler avec lui et nous partons donc tous les deux. Mais après à peine 10miles nous commençons les pauses dans un petit café pour un bon breakfast. Nous enchainons 1mile plus loin par la fabrique de fromages bien connue dans la région, celle de Tillamook, dans la ville portant le même nom, où l’on propose des dégustations gratuites… Pas un truc à faire avec deux types affamés ça… 😀
Nous feignons d’être intéressés par tous les fromages, plusieurs fois par les mêmes d’ailleurs ! Nous testons aussi les sauces barbecues, les moutardes et les sauces salades sur des gâteaux apéro !

Nous repartons et il continue de pleuvoir, nous avançons cependant bien en nous relayant.

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Echange de victuailles pour une nouvelle pause gastronomique…

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En fin d’aprèm, il pleut toujours et nous sommes trempés jusqu’à l’os. C’est le moment d’une nouvelle pause dans un petit resto au bord de la route 🙂
Et coup de bol, c’ est pâtes en « all you can eat » aujourd’hui !

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Avec toutes ces pauses nous finissons la journée avec 76miles (122km) et les moustiques sont toujours omniprésents.

Arrivés à la fin de l’Oregon, il nous reste à traverser le pont Astoria long de 6,5km pour rentrer en Washington.

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Entrée en Washington, certainement pas la fin de la pluie…

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La petite route qui longe la côte est déserte, comme souvent sur les itinéraires reculés, loin des highway.

Arrivée en début de soirée à un campground assez moche et petit. L’espace réservé au cycliste est à l’écart et remonte un peu l’image du reste. L’anglais fini sa journée avec 99,5 miles et moi avec 100, j’ai préféré rouler encore un peu pour le plaisir de mon compteur.

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Dernier petit dej ensemble. Il part vers Seattle alors que je continue à longer l’océan.
Faire de la route sous la pluie cela crée des liens. Une bonne poignée de main chaleureuse et nous nous séparons.

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Apres avoir longé un peu la mer, retour dans la forêt et retour de la pluie. Il s’agit là de la seule forêt humide des Etats Unis située sur les bords des montagnes Olympiques.

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En fin d’aprem j’arrive dans une réserve indienne et dans le regard des gens se lit une hostilité certaine. Les indications de ma carte s’arrêtent et à part la 101, aucune route ni chemin ne sont indiqués.

Trouver un espace pour dormir s’avère encore une fois ardue et je n’ai pas trop envie de me faire réveiller par un propriétaire indien mécontent que je dorme chez lui (chose naturelle cependant).

Il commence à se faire tard et toujours pas l’ombre d’un bivouac accueillant. Finalement je roule à coté d’une école après 106miles (170km) parcourus. Les voitures garées devant me donne une idée. Je vais aller leur demander si je peux dormir là.

Le directeur est en réunion, il me fait patienter et à sa sortie il se révèle être une personne extrêmement sympathique. Nous discutons pas mal et il m’explique l’accueil des indiens en pointant un doigt sur sa joue  » white skin ». Il me dit qu’il faut simplement du temps pour se faire accepter mais qu’ensuite ce qui est acquis est sincère.

Il m’autorise à dormir dans l’enceinte de l’école et je rejoins donc mon aire de bivouac. J’ai même eu droit au reste du repas de midi réchauffé par Mr le Directeur en personne !

Bivouac coloré:
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Le matin, de la compagnie pour le petit dej:

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Les victuailles sont prêtes !

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Sous marins…
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Arriver ici j’ai l’occasion d’aller au point le plus au nord ouest du bloc Etats Unis. Seulement il s’agit d’un aller retour sur une même route et la distance a l’air importante sur la carte. Mais je trouverai cela vraiment dommage d’avoir suivi la côte pacifique sans aller jusqu’à ce point et je m’engage donc sur cette route.
Le premier panneau qui m’accueille n’est pas très rassurant.

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Ce sera finalement une de mes meilleures décisions grâce à des paysages grandioses et des rencontres mémorables.

Cela commence par une vue sur l’ile de Vancouver, de l’autre coté du bras de mer:

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Il commence à se faire tard et j’ai encore beaucoup de mal à trouver un espace pour dormir. D’un coté une forêt humide en pente impénétrable et de l’autre, un bord de mer sans réelle plage.
Finalement j’aperçois quelques camping-car et tentes sur un replat un peu au dessus de la route. 3 gaillards autour d’un vieux tambour de machine à laver où un feu est entrain de crépiter.
J’entame la discussion mais me fais remballer « le camping est plus loin, ici c’est pour les vieux »

J’insiste et après 10 mn d’échange, il s’avère que l’on s’entend vachement bien ! L’un d’entre eux me tend une bière et m’invite à m’asseoir !
Ce sont 3 joyeux lurons venus ici pécher et passer du temps entre potes. Ils ont attrapé des clams (coquillage) le matin et je suis invité au diner 🙂 Je les fait bien marrer avec mes histoires de voyage et vu qu’ils savent que je cherche un espace pour dormir ils me disent de planter ma tente à coté de la leur pour ne rien avoir à payer !
Après les hamburgers cuit sur le feu, les clams sont un vrai délice.
Mais pas aussi bon que la tarte faite maison recouverte de chantilly !

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Rencontre inattendu, accueil chaleureux, inoubliable.

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Je reste à discuter avec l’un des gars jusqu’à 2h30 du mat, fin d’une soirée incroyable…

Vue depuis ma tente

P1020742 P1020741Le matin ils refusent de me laisser partir le ventre vide et allume le barbecue pour me faire un petit dej génial à base de bacon, oeuf et fromage fondu sur du pain grillé…

Reprise de la route fatigué mais heureux, direction le « Cape Flattery Trail », petit chemin de rando qui devrait me conduire jusqu’au point le plus au nord ouest des Etats Unis.
Comme d’hab je me dis que rejoindre un cap en longeant la côte devrait être un chemin tranquille et plat… Et comme d’hab je me retrouve en danseuse sur mon vélo à lutter avec une côte..

Arrivé sur le petit parking au bout de la route, je me décide à prendre un second ptit dej et m’installe par terre. Et à ma seconde tartine de Nutella arrive un couple de néerlandais qui m’invite à déjeuner près de leur camping car !
Une fois table et chaises sorties dehors je reste avec eux 1h à discuter autour d’un café. Ils voyagent pour la seconde ou troisième fois ici et toujours en louant un camping car.
Au moment de partir je reçois un paquet de pain, un coca et une pomme !

Je m’engage dans le trail et me retrouve rapidement proche de l’océan

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P1020773 P1020837Pas évident de jouer avec le retardateur d’à peine 10 secondes tout en prenant une pause à peu près détendue..

De retour sur la route, le pain donné par le couple me fait envie, sauf qu’il s’agit en fait de véritables sandwichs !

Je roule jusqu’à la petite ville de Neah Bay où je reprends une pause pour déguster la fin du sac de carottes donné par les trois copains la veille.

Encore quelques kilomètres et retour à mon point de départ de la veille, à la fin de la 113, en 35miles depuis le parking du trail, soit 70miles l’aller retour, Un beau détour de 112km qui en valait vraiment la peine.

La suite de la route 112 est vraiment longue et monotone jusqu’à Port Angeles, 38miles (61km) de dénivelés en apercevant la côte qu’à de rares moments.

L’arrivée à la bourgade de Joyce permet de s’occuper un peu l’esprit en observant les maisons et les habitants, peu nombreux certes vu le temps grisâtre…

Je me console en observant les montagnes Olympic apparaitre à l’horizon sous un ciel chargé.

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Port Angeles en fin d’aprém, ville plus importante que je ne l’imaginais.
Promenade en bordure de mer.

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Il fait moche et j’ai envie de dormir ici cette nuit. Je ne me sens pas à l’aise en ville et me résigne à dormir dans du dur depuis que je suis en vélo.
Apres moult péripétie ce sera une auberge familiale, 15$ la nuit en chambre partagée, parfait.
Je fais la connaissance des personnes déjà présentes et il s’avère que l’un d’entre eux à commencé le PCT cette année et a abandonné après 100miles pour se lancer dans un truc qu’il connait: le vélo !

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10 minutes après mon départ le matin il se met à pleuvoir Un déluge qui ne cessera qu’en toute fin d’aprem.
Et comble de la joie je dois me farcir une grosse portion de highway pour rejoindre Port Townsend où un ferry devrait me permettre de rejoindre la plus grande iles des « San Juan Island ».
Heureusement la route alterne avec une piste cyclable déserte dans les bois.

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Complètement détrempé avec mon coupe-vent, la veste imper est trop étouffante à l’effort. Pas froid tant que je m’active mais à l’arrêt c’est bien diffèrent.
Avant de prendre le ferry je m’arrête dans un petit resto pour obtenir les horaires et me sécher un peu. Un bateau part toutes les 30min.

La pluie continue, j’embarque sans difficulté sur le ferry moyennant quelques dollars. J’en profite pour piquer un somme, avachi au dessus de la mare de flotte qui sort de mes fringues…

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Deception Pass, toujours sous la pluie.

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Les deux ponts sont longs et extrêmement étroit. Pas cool pour les cyclistes.

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Il commence à se faire tard, recherche d’un endroit où dormir à Bay View.

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Ca donne envie hein ?

Il continue de pleuvoir. C’est la première fois que j’ai une journée de pluie continue.
L’avantage étant que je ne fais aucune pause et roule sans discontinuer, donc malgré le resto et le ferry j’arrive dans ce petit village après 88miles humides (141km).

Il y a bien un campground mais le prix est élevé et j’ai repéré des granges et des garages à proximité.

Après quelques dizaines de mètres parcourus, j’aperçois de l’autre coté de la route un espace de pique-nique couvert appartenant au parc.
C’est l’endroit idéal pour dormir au sec mais des types du parc doivent faire des rondes. Je retourne donc voir le garde qui m’a donné les tarifs pour lui parler de cet espace.

Je ne sais pas si c’est mon état assez pitoyable qui fait avancer les choses mais le type me serre la main depuis sa guérite et me souhaite une bonne nuit. Je peux aller dormir là bas sans rien payer.

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Le lendemain je me paume. Toujours ce même problème de carte avec une échelle trop grande.

J’admire un pygargue à tête blanche posé sur un pilonne, pas courant me dis-je. Sauf qu’un deuxième est présent juste à coté, et un troisième un peu plus loin, tous les pylônes sur 100 mètres sont occupés par ces oiseaux !

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D’autres voitures s’arrêtent, apparemment ils sont là pour faire sécher leurs ailes après la nuit pluvieuse.

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Le reste de la journée est assez chiant, toujours sous la pluie et le froid, je me perds souvent.
Ce coin est peuplé, c’est déplaisant.
Après avoir demandé mon chemin plein de fois j’arrive finalement dans la ville de Ferndale où je me dirige droit vers l’office de tourisme pour avoir une carte. Marre d’être dépendant des indications des gens. L’office est ouvert aux 4 vents et il n’y a personne, je me sers dans le bac à prospectus et repars avec une carte dotée d’une échelle enfin adaptée !

Route peu appropriée aux cyclistes, je manque de me faire percuter par un abruti qui double juste en face de moi, je finis dans le fossé.

Le temps d’une petite photo à Birch Bay, je continue ensuite à Blaine où m’attend la frontière avec le Canada.

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J’avais imaginé l’arrivée à la frontière sous le soleil, joyeux, à rigoler avec les douaniers et peut être même à prendre une photo avec eux. Oui on s’imagine plein de trucs cons pendant les heures de pédalage.
Car la réalité est toute autre, video de l’arrivée: http://youtu.be/PiIWYR_zmKk

Ils font leur job mais le discernement devrait également être une qualité à avoir. Enfin bref je passe dans le parc de la frontière par les pelouses et arrive tout de même à avoir ma photo des deux drapeaux et la mer en toile de fond…

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La photo au bord de la route ne me convenant guère…

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En repartant un douanier américain m’interpelle et me demande comment je suis arrivé là, il ne m’a pas vu et crois que je fraude, encore un. Finalement je n’y couperais pas et dois aller décliner mon identité au poste frontière.

Je finis donc ce projet avec 1345miles (2164km) parcourus en 16 jours à vélo. Avec les 702miles (1130km) parcourus à pied j’ai fait un peu plus de 2000miles sur la côte ouest des Etats Unis. Je suis assez heureux mais ce genre de chose s’arrête toujours trop tôt, j’aurais voulu continuer…

Je dois maintenant trouver un aéroport et un moyen de m’y rendre pour rentrer en France. On est samedi, tout est fermé et à force de rester statique avec tous ces contrôles je commence à avoir froid. Ma première nuit en motel sera ici.

Le lendemain le ciel est un peu plus dégagé et je repars vers Bellingham, une ville plus importante par laquelle je suis déjà passé à l’aller.
Autre chemin pour passer par la forêt.

Sur la route, une chouette percutée par une voiture. Elle est mal en point et amochée. Je l’attrape et en continuant à pied je trouve une maison habitée. Mise dans une boite, le centre pour animaux est appelé, je peux repartir.

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Quelques centaines de mètres plus loin j’aide un chevreuil coincé dans du grillage à rejoindre son pote situé de l’autre coté…

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Arrivé à Bellingham, recherche d’un accès internet. Il me faut trouver une auberge de jeunesse pour ce soir et un moyen de rentrer en France. Sauf que nous sommes dimanche et que l’office de tourisme ainsi que les librairies sont fermés. Je demande donc dans la rue si un cybercafé est présent dans la ville. Coup de bol, le premier couple à qui je m’adresse, le gars me dis qu’il bosse pas loin d’ici et que son collègue peut me laisser utiliser leur ordi !

La ville n’a aucun hébergement pas cher mais Seatlle en possède beaucoup. Décision prise, je m’y rends aujourd’hui.

Direction la gare routière et ferroviaire. Mettre le vélo dans le bus est une vrai galère, il me demande de le mettre en carton. Le train est plus accommodant et moins cher, 5$ de plus pour prendre le vélo sans rien démonter, 20$ en tout.

Le départ est dans 3h. Du temps pour visiter la ville et sa plage. Rencontre avec un couple intrigué par mon attirail, une heure de discussion sympa.

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Pouvoir porter mon vélo chargé sans aucune difficulté, gage d’une grande liberté dans le choix des lieux de bivouac.

Le train longe au plus proche la côte. De la fenêtre il est difficile de voir la berge, impression d’être sur l’eau.

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Je sympathise avec le personnel de bord et l’un d’entre eux veux me prendre en photo avec mon pot de Nutella de 750g et mon pain (mon repas quotidien depuis 1 semaine) !

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Arrivée à Seattle de nuit avec comme seule info, une adresse sur un post-it. Heureusement que j’ai mon vélo, il est plus agréable de pédaler ici que de se balader à pied à mon goût.
Deux trois passants croisés et interrogés plus tard, j’arrive devant l’auberge qui s’avère être pleine. Il me refile une autre adresse et surtout un plan. Ok, en chinois, mais c’est pas grave.
Il reste de la place dans cette auberge, chambre partagée avec 7 autres personnes. Rideau pour ce soir, on verra demain pour le reste.

Je visite la ville et profite de l’accès à internet de l’auberge pour décider de la suite. Mais des événements familiaux me poussent à rentrer et je décide donc de prendre l’avion ici. Cela s’avère la solution la plus économique. Un vol en partance de Las Vegas coute moins cher mais est compensé par le prix pour m’y rendre.
Le vol le plus économique part dans 2 jours, j’ai donc un peu de temps pour visiter la ville.

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Elle ne me plait guère, pas de réel centre, trop d’attrape touristes à mon goût et pas une ambiance des plus chaleureuse. San Francisco m’a paru bien plus agréable à vivre en comparaison.

Encore quelques musées et je finis mon séjour chez un vélociste où je récupère un carton pour ramener mon vélo en France.
Contrairement à ce que je pensais à l’origine, il est préférable de le conserver. Je ne l’ai pas payé une fortune mais en racheter un comme celui ci en France me couterait une blinde.

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Toujours les mêmes bouteilles d’eau depuis 3000km.

Arrivée à l’aéroport, le sac sur le dos, si je n’avais pas cette énorme carton à transporter, j’aurais l’impression de repartir pour un nouveau trip.

Tous ces kilomètres parcourus, je n’arrive pas à réaliser. Même des semaines après cela n’a toujours pas décanter. Je me raccroche à des petites anecdotes, à des moments fugaces, quelques secondes de marche, je vois mes pieds qui avancent, je lève la tête et regarde le soleil décliné sur la montagne en face et un autre souvenir émerge, une rencontre, quelques mots échangés, un partage des mêmes sensations et aspirations.
Puis je suis à vélo, je sens l’eau perler contre mes jambes. Le coeur qui s’accélère pour franchir cette côte, puis la douce pente qui mène à l’océan.
Et ainsi de suite.
Je vais repartir.

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