Kayak bivouac: descente tumultueuse de l’Auvézère

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Mail d’Olivier (créateur du forum de randonner léger): « Salut Seb, si tu as un « plan à la con » pour les prochains jours à partager, je suis partant ! »
Il ne va pas être déçu…

Après une soirée bien plombée par un plat de tagliatelles et du bon vin, choix de la rivière: une carte de France des cours d’eau étalée à minuit passé, oublier les bleus marqués comme calme, les oranges ? Pas trop loin ? L’Auvezere. Pourquoi pas. Google image avec Olivier, y’a du bouillon, surtout ne rien dire à Yann. Calcul de la distance à parcourir à coup d’échelle de doigt, ouaiii ça ira…

Deux voitures pour faire la navette, une en haut de la rivière, une en bas. Mais que deux bateaux de base, les deux Narak, Une copine accepte de prêter son Gumotex gonflable deux places. Olivier prend son Packraft, l’occasion pour moi de le tester.

On part le samedi matin, arrivée en fin de matinée sur site après avoir laissé la voiture de Yann en bas. On monte les 3 bateaux, Yann sur Narak et Olivier sur Gumo, tous les trois en combinaison ebola. Premier embarquement sur le Narak, flip flop, je me retourne. Bateau rempli d’eau, combi remplie d’eau, c’est rentré en une seconde, je l’avais pas bien fermé puis de toute façon le zip n’est pas du tout étanche.

Question météo, il pleut, fait gris, fait froid mais l’eau ne l’est pas trop.. Je me gèle un peu le postérieur vu que je suis trempé de la tête au pied mais pas grave, pagayer va me réchauffer. On fait 50m, tient des rochers, à merde ça racle un peu, bon pas grave. A bah y’en a encore, et des chutes d’eau, et des barrages.. On enchaine les portages, c’est vraiment la merde, avec Yann on arrête pas de se retourner dans les rapides, faut à chaque fois vider l’eau des kayaks.. Et quand je remonte dedans, une fois sur deux je me retourne.. Mon kayak se met en travers dans un rapide, je perds mes deux pompes en même temps en essayant de m’en sortir, mal aux pieds dans ces rochers à tracter ce bordel rempli d’eau jusqu’au bord.. Olivier réussi à retrouver mes pompes au loin, merci la semelle orange flottante. De plus en plus de rapides, ça frotte ça cogne et on en a marre de porter.

On se pose sur la berge et on réfléchit à une solution: on va planquer les Narak dans les bois et partir à deux sur le Gumo + le Packraft. Ce dernier étant parfaitement adapté à cette rivière classe 2 et 3. Le Narak de Yann est bien griffé, faut réparer certaines entailles, le mien a miraculeusement rien de visible. C’est un peu la merde quand même.

On a froid tous les trois, Olivier un peu moins vu qu’il a dessous une combi neoprene courte. On s’éclate bien à descendre dans les rapides, il n’y a pas de jupe sur le Gumo, il est ouvert, il se remplit d’eau à chaque chute quand on enfourne ou quand il y a trop de vagues. Yann n’arrête pas de pomper l’eau, moi je rame, le kayak est manœuvrable comme une vache morte.

On commence à être bien rincé, il y a des passages vraiment pas top donc on continue les portages, même le Packraft passe pas, il faudrait un casque.

La rivière se calme un peu, 20h, on s’arrête pour bivouaquer sur la berge. De la mousse partout, des long cheveux verts pendouillent aux arbres, on rêve d’un feu, on en a même déjà parlé sur l’eau, les deux autres me confient sa préparation, bon, avec beaucoup de soin et du temps, il démarre du premier coup, petit à petit il grandit, on place des branches autour pour suspendre les affaires. Car oui, les sacs étanches n’ont pas résisté aux heures passées sous l’eau, on a tous les trois nos affaires mouillées, le sac de couchage de Yann est bien trempé, mode serpillière.

On papote, on cuisine, Yann va se coucher, je reste avec Olivier a discuter autour du feu. Vraiment cool comme soirée.

Bonne nuit malgré l’humidité, enfiler les fringues trempées est un calvaire, de nouveau le froid alors que l’eau doit être à 14, qu’est ce que ce sera en Norvege… Des rapides et des chutes jusqu’à midi, on est parti à 9h, on ne sait pas à quelle heure on arrivera, on ne sait même pas si on arrivera avant la nuit. La rivière se calme, le Packraft est à la peine, on le transforme en remorque à matos derrière le Gumo, on est à trois dessus. On avance pas trop mal, rigolo quand il y a du courant mais quand c’est plat cela devient vite monotone. Je suis le seul à prendre des photos avec mon téléphone étanche. Yann a sorti son APN du sac imperméable que deux ou trois fois. Maintenant sur le Gumo, il prend un peu plus confiance, on passe une chute à trois, on en a déjà fait plusieurs, on gère maintenant. Là pareil, un peu de vitesse, hop on dégringole la chute, on se fait prendre par le retour de vague, flip flop, on se retourne. Yann lâche sa pagaie, tient le kayak d’une main, il nage avec son APN de l’autre, son sac étanche ouvert nous dépasse. C’est un peu beaucoup la merde. On arrive à remonter, on se débrouille pour rejoindre la berge, on claque des dents tous les trois, on fait le compte de ce que l’on a perdu, une partie de l’armature du Gumotex a coulé, c’est Elina qui va être contente, elle qui m’a fait tout un discours sur la prunelle de ses yeux quand je suis allé le chercher..

On re-embarque, on se réchauffe en pagayant plus vite, putain que c’est monotone, on parle de moins en moins. 17h, on a fait des estimations on pense être arrivé. En fait non. 18h, on rigole pour rien tellement on en a marre, la rivière est large maintenant, on imagine qu’à chaque méandre on verra l’herbe verte du parc où on a laissé la caisse, mais rien. Olivier est sûr que la voiture est proche de l’aéroport. On la croisé y’a une heure et demi l’aéroport.. Je commence à douter du fait que l’on ne peut pas se paumer sur une rivière… Ah et on a vu plein de canards, et des ragondins, beaucoup de ragondins, c’est marrant comme bête, ça nage super bien. Et bien sûr aucun autre kayak, peut être parce qu’il y a plein de branches et de troncs sur cette rivière. On invente plein de techniques pour les passer. J’ai failli rester coincé sous un avec le Narak. Je savais pourtant que c’était merdique les troncs, mais j’ai tenté, j’ai vu, je recommencerai plus. 19h, putain, j’ai mal au bras, j’ai l’impression de me trainer sur ce foutu engin de plage… 19h15, le parc ! Enfin, bon reste encore à se changer, à poil devant les passants, oh regarde maman le monsieur il est tout nu.

On va récupérer l’autre voiture, fait nuit, faut retrouver les kayaks que l’on a planqué dans les bois. On a juste une vague position repérée avec le GPS du tel. On arrive dans un camping, le mec nous dit qu’il n’y a pas de chemin par là, nous on est sûr que si, sa carte IGN plus tard et un peu de sanglier dans les bois, on les retrouvent, planqués sous leur tas de fougères. Retour à la voiture, au revoir à Olivier qui rentre avec Yann. Retour à Bordeaux. Fin du weekend, début de la semaine à couver mon rhume.

PS: un grand merci au représentant commercial Aquitaine de la société Dupont qui nous a offert les 4 combinaisons ebola. Elles n’ont pas aussi bien fonctionné qu’espéré mais elles nous ont tout de même maintenu au chaud sur cette sortie et sur d’autres effectuées par la suite. Au vu du prix, c’est un bon choix pour des conditions pas trop engagées à la mi-saison.

Et un autre grand merci à Samuel (Samol sur le forum de RL) et Elina (SonicFlood) pour le prêt de leur embarcation !

7 réflexions sur “Kayak bivouac: descente tumultueuse de l’Auvézère

  1. Vivre le sérieux et le professionnalisme des préparations de Yann et Seb c’était une aventure en elle même. Mes préparations sont souvent un peu bâclées, mais je découvrais là un nouveau monde 😀 , un mode de préparation assez original : lire le topo de la rivière après l’avoir descendue, apprendre à monter dans le kayak après s’être vautré, réfléchir à comment le vider après l’avoir rempli, découvrir les effets de la conductivité thermique de l’eau après avoir baigné dedans jusqu’à la taille pendant une heure. A ce sujet, je précise que si je n’ai pas eu froid le premier soir c’est surtout parce que j’étais resté au sec sous ma jupe de packraft (je ne portais pas le haut de mon shorty), tandis que mes deux compères pagayaient assis dans une baignoire régulièrement alimentée en eau fraiche.
    J’ai surtout passé deux excellentes journées avec des mecs gentils, accueillants et au moral d’acier. On refait ça quand vous voulez… mais en packraft et en évitant les planiols (seuls moments ou j’ai failli sortir de ma zone confort 😉 ) !

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  2. Merci pour ton récit, j’ai bien rit en le lisant. Très bonne idée la combinaison ebola, pourquoi n’avez-vous pas été satisfait de cette combinaison?

    Manque d’étanchéité au niveau des poignets et chevilles? Ou tout simplement le tissus n’est pas étanche?

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    • Sur le papier, oui c’est une excellente idée ! En vrai, cela se complique: le matériau est parfaitement étanche mais n’aime pas trop l’abrasion et comme la coupe est assez large, on l’a troué assez rapidement. Ensuite, comme nous souhaitions les réutiliser, nous n’avons pas utilisé les bandes adhésives qui permettent de couvrir le zip. Et ce dernier, seul, n’est pas du tout étanche donc l’eau rentre en instantané. Dernier point, il manque un système de jonction étanche avec les poignets et le cou, pour des gens un peu doués qui ne passent pas leur temps à se retourner, ça ne doit pas poser de problème, mais pour nous, c’est différent…
      Pour les pieds, nous avions les modèles à chaussettes intégrées, aucun soucis de ce coté. A final, c’est un bon équipement si on ne prévoit pas d’avoir de l’eau au dessus de la taille, on garde les jambes sèches et l’étanchéité du haut est suffisante pour de la pluie.

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      • Merci pour ta réponse, je vais continuer à faire des recherches. Sur le site de la compagnie Dupont, il existe des catégories plus élevée (pour les produits chimiques), je vais regarder de ce côté là. J’aimerais bien faire des essais de descente en haut vive avec ce modèle, afin de voir son comportement, ma crainte c’est qu’il se rempli d’eau par le cou et qui nous entraîne vers le fond, peut-être que la veste de sauvetage une fois bien serrer empêchera cela?

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      • D’accord avec Seb, à réserver aux eaux calmes. en eaux vives, tout peut aller très vite : la combi se déchire, l’eau s’engouffre et on perd vite en agilité et mobilité. Et si elle ne se déchire pas, quand on essaie de sortir de l’eau, celle qui est rentrée dans la combi se retrouve au niveau du bas des jambes et des pieds, on se retrouve avec des boulets de plusieurs kilos, très handicapant.

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