Liste d'équipement
PCT ?
Le Pacific Crest Trail est un chemin de rando long de 4200km. Il relie la frontière mexicaine à la frontière canadienne en restant au plus près des crêtes du Pacifique, traversant la Californie, l’Oregon et l’état de Washington en étant en moyenne à 200km de l’océan.
Les milieux rencontrés sont nombreux, du désert à la haute montagne en passant par la plaine et la forêt. Les écarts de température sont également importants, plus de 40°C en Californie du sud avec des températures proches de 0°C la nuit et négatives en Californie du nord. L’équipement doit donc être prévu en conséquence et être assez solide pour ne pas lâcher au milieu de nulle part.
L’écart entre les villes varie entre 4 jours à plus de 1 semaine et celles-ci sont rarement présentes sur le chemin, des détours sont donc obligatoires.
Les Trails Angels font la particularité des grands chemins de rando américains. Bénévoles, ils aident les hikers dans leur périple et laissent parfois des Trails Magics sur le chemin, composés de canettes de soda, fruits ou encore gâteaux en tout genre !
PCR ?
La Pacific Coast Road n’est pas un itinéraire défini, elle est surtout composée de la route 1 en Californie et de la 101 ensuite. Mais des routes sont plus proches de l’océan, et tout le jeu consiste donc à ne pas le lâcher d’une semelle pour pouvoir admirer les couchers de soleil à l’horizon..
Comme le PCT, elle rejoint le Mexique au Canada.
Comme ces petites routes traversent de nombreux parcs naturels, le contact avec la civilisation n’est pas trop oppressant malgré quelques portions de highway, les autoroutes américaines. Il est donc souvent possible de rouler complètement seul pendant des heures sans croiser une seule voiture ni trace d’humains, hormis la route.
Le ravitaillement, à l’inverse du PCT, est aisé du fait de la vitesse de déplacement que permet le vélo.
Récit
Je pense à ce trail depuis environ 2 ans. Je souhaitais le faire l’année dernière mais finalement divers événements m’ont fait partir sur la HRP avec Fred.
La préparation a commencé à proprement parler fin janvier, avec comme base en plus d’internet, le Yogi’s book, condensé d’info sur ce trail. Soit environ 2 mois et demi d’organisation en dilettante.
Un des points les plus importants pour moi était la finalisation de ma liste de matos (chose déjà bien entamée dés la fin de la HRP), car c’est elle qui me permet d’avancer comme je le souhaite et j’y consacrerais donc encore beaucoup d’heures.
Le reste de la préparation a été réduite au minimum: papiers administratifs (visa, permis (entrée Canada, PCT, feu), assurance), imprimer les cartes (merci Elise), établir un petit plan de ravitaillement ainsi que la liste de choses à mettre dans la boite postale.
A voir la préparation que les hikers font normalement pour ce trail (5 mois de nourriture répartis dans chaque bureau de poste par exemple), je suis bien heureux de ne pas avoir suivi leur exemple !
Je prends contact par mail avec des trails angels habitant San Diego, c’est presque une coutume que de passer par chez eux.
Nous convenons donc d’un rendez vous le 5 mai avec un départ sur le chemin le 6, car en effet, en plus de venir chercher les hikers a l’aéroport ils les emmènent sur le trail à plus d’1h de voiture de la ville.
Apres une fin d’année mouvementée à Montreal et deux nuits blanches d’affilées pour finir des dossiers, départ pour San Diego. Je pars avec mon sac de rando en cabine ainsi qu’avec un carton contenant de la nourriture et divers équipements dans la soute
Le ciel est dégagé et la vue de l’avion est grandiose
J’ai besoin de quelques jours pour finaliser mes colis de nourriture ainsi que pour récupérer un peu physiquement du manque du sommeil et du décalage horaire, j’arrive donc à San Diego 2 jours avant que les trails angels ne viennent me chercher.
A part le PCT en lui même je n’ai pas prévu grand chose et arrive donc dans cette ville avec strictement aucune information et un anglais assez approximatif. Quelques discussions plus tard à propos d’un motel « best price, near here » et une navette coopérative à 5$, j’ai une chambre pour les nuits à venir au Motel 6.
Le lendemain je profite de la recherche d’un coiffeur pour visiter un peu San Diego.
La vitrine inchangée depuis 20ans d’un barber shop m’attire. Nous parlons un peu et assez rapidement il me met en garde contre les ours et va ensuite me chercher ses couteaux de survie
Le lendemain je fais la connaissance de Sandy, venue me chercher avec le fameux pompon vert à sa fenêtre. Elle a déjà récupéré une randonneuse et nous allons chercher à l’aéroport un autre couple de hiker.
Un autre se joint à nous à la fin du repas, nous serons donc 5 à partir demain.
Départ sur le trail un peu avant 8h
Je démarre en trombe, du mal à retenir mes jambes, envie de courir. Je suis parti en premier, impossible d’attendre plus. Je rigole tout seul, ça y est, j’y suis.
Je m’arrête un instant et laisse l’australien me rejoindre, il a un bon rythme et une très grosse expérience des trips au long cours. Nous arrivons à 13h30 à Lake Morena, après 20miles (32km) parcourus. Nous continuons la journée ensemble et nous discutons pas mal. J’apprend qu’il a prévu d’enchainer les trois grands trails américains (PCT, CDT, AT) en une année !
Nous nous séparons vers les 19h pour le bivouac, j’ai repéré un coin bien plat sous les arbres à moins de 20 mètres du chemin, parfait.
La tente est inutile ici et il serait dommage de se priver du plafond étoilé !
J’ai décidé de ne pas commencer progressivement ce voyage, préférant être directement dans le bain et cette journée à 35miles (56km) est parfaite pour cela.
Par contre mes pieds ne sont pas trop de cet avis et j’ai déjà pas mal d’ampoules. J’en fais toujours à la pelle mais là, la chaleur a l’air d’empirer le phénomène.
(Et problème de semelle intérieure non adaptée également, voulant amoindrir un problème de voute j’ai changé les originales. Apres 3 jours j’ai remis les normales et les échauffements ont été bien moindre).
Le climat est désertique, la végétation est composée de broussailles mais elle est encore assez dense comparée à la suite du périple.
Le trail est vraiment vallonné, limite montagneux, j’avais bien lu sur beaucoup de récits l’enchainement de up and down mais ils sont plus nombreux que ce que j’imaginais.
A mon retour, je me rendrai compte que mon dénivelé positif (D+) journalier est de 1500m en moyenne.
L’avantage étant les changements de végétation que cela entraine, la forêt permettant d’éviter l’ardeur des parties désertiques et son couvert ombragé est salutaire.
Quelque temps plus tard, le paysage s’est encore transformé:
Le mot « crest » (crête) prend ici tout son sens.
En fin de journée et après avoir bien dépassé les 100km parcourus sur ce trail, j’atteins mon premier « campground », un espace plat où il est possible de bivouaquer. La végétation ainsi que la topographie rendent la recherche d’un tel espace vraiment ardue ici. Celui ci est donc marqué sur ma carte. Il n’y a bien sûr aucune installation ni route, il s’agit simplement d’un ancien lit de rivière.
Le lendemain la végétation se fait vraiment rare, l’eau également.
Le style est discutable mais la protection qu’offre ce système sera enviée par beaucoup de monde !
Une cache d’eau bienvenue:
Et la fameuse « PCT scissor cache »
Elle est située à proximité de la hwy 78 qui mène à Julian (12 miles W).
La race de lézard la plus sympa du trail. Les autres fuient rapidement et sont impossibles à observer, alors que ceux là restent souvent placidement sur place.
Malgré le ton enjoué du récit, ce sera pour moi une journée vraiment peu évidente. Depuis le matin je contourne par les crêtes une plaine toute plate… Le tracé du PCT s’avère totalement stupide (ce que je partagerai plus tard avec d’autres hiker), je me tape du D+ à la pelle alors que la majorité du temps une route plate et droite se situe juste en contre bas. A cela s’ajoute du zigzag horizontal, particularité du coin, la montagne est en forme de grosse étoile et donc en tournant autour on ne fait que du zigzag en voyant à chaque fois le trail repartir de l’autre coté. C’est épuisant moralement et j’arrive à la cache d’eau la gorge nouée et la larme à l’oeil… En plus je dois porter pas mal d’eau sans pouvoir la boire car les points d’eau sont rares et je ne sais pas encore gérer parfaitement ma consommation.
La plus grosse cache d’eau du PCT.
Au niveau des ampoules, j’en suis à un peu moins d’une dizaine, cela commence à devenir douloureux.
En fin de matinée j’ai le droit à un peu de plat, j’en profite avec plaisir.
Je croise deux personnes sur cette plaine, depuis le début du trail je rencontre ou vois moins de 5 personnes par jour.
Rocher de l’aigle:
Et chevaux en liberté au loin
Je passe à proximité de Warner Spring et je rencontre des hikers qui vont chercher leurs colis là bas. Ma vitesse de croisière me permet d’espacer mes points de ravitaillement et je ne suis pas contraint de jouer avec les horaires des postes.
Apres un peu de D+, je trouve des arbres et suffisamment d’eau pour faire trempette, c’est la première fois que cela arrive, et c’est génial !
Je continue encore un peu dans ce sous bois et je découvre un papier par terre mentionnant la présence de « black berry », et disant également que cette plante n’est pas du « poison oak » (plante urticante) et que les fruits sont comestibles.
Cette pratique de laisser des mots est assez courante pour parler aux hikers qui suivent, que se soit pour aider à trouver le bon chemin, pour signaler les ruches, les plants de « poodle brush » (plante extrêmement urticante) ou encore pour parler des trails angels.
Encore une quinzaine de kilomètre et je rejoins une source où je prends mon eau pour la nuit. Sauf qu’en voulant retourner sur le PCT, je me paume… A part le PCT, aucun chemin n’est couramment emprunté ici et ma carte diffère beaucoup du terrain.
Je continue malgré tout et, étant sur de retomber sur le trail, je continue d’avancer. Arrivé à une petite maison isolée et par acquis de conscience je demande ma position exacte.
C’est un couple accompagné d’une dizaine de chiens qui me répond et qui veulent me garder chez eux ! Une histoire de cougar qui rode à cette heure là…
J’accepte et passe la soirée avec eux. Il me cuisine des tas de trucs et j’ai même droit à la confiture qu’ils viennent de réaliser aujourd’hui.
Par contre, dans les points négatifs, je commence à avoir réellement mal aux pieds et je profite de la maison pour faire un état des lieux.
La video de mes ampoules n’est pas forcément utile, je me contenterai de cette petite sélection des plus jolies en photo 😀
(les deux talons sont dans le même état)
Apres une bonne nuit il me ramène sur le trail, le départ est un peu précipité le matin et je n’ai pas le temps de voir où est la prochaine source et surtout je n’ai pas le temps de me remplir le bide avec 1 à 2L.
Erreur vraiment chiante car le prochain point d’eau est vraiment loin.
Video: http://youtu.be/cbPvt557ny4
J’en croise un autre une petite demi heure plus tard. Il est bon de resté vigilant dans le coin.
Le chemin traverse de nombreuses zones incendiées. La végétation reprend le dessus mais beaucoup de traces sont encore présentes:
Apres 24km parcourus, j’arrive finalement au fire tank et prend 4,5L d’eau.
Comme vu plus haut, j’applique maintenant toujours la même stratégie, à savoir boire beaucoup près du point d’eau pour porter moins par la suite. Ici l’objectif est aussi de récupérer du manque d’eau des heures précédentes et de boire 2L dans une demi-heure (temps d’action des pastilles).
Normalement 2l sont amplement suffisants pour faire ces 15miles mais en ayant bien bu au préalable, ce que je n’avais pas eu le temps de faire là.
Dispositif de pompage dans le fire tank.
La race de serpent que je croiserai le plus souvent
Selon l’heure de la journée ils sont plus ou moins actifs, ce qui entrainera quelques jolis bonds de ma part quand je les remarque au dernier moment…
Apres les ampoules, c’est mon genou gauche qui vient de me lâcher. Normalement la douleur disparait après 30min / 1h de marche mais là je ne peux strictement plus déplier mon genoux et passe ma journée à claudiquer la jambe à demi pliée et à compenser mon boitement à gauche par des plus grands pas avec la jambe droite ce qui me déglingue la hanche…
De toute façon, c’est assez simple, je n’ai pas le choix. Je ne peux pas planter mon bivouac là au milieu de nulle part avec la possibilité qu’en refroidissant la douleur soit encore pire. Et il y a également le problème de l’eau. Je serre les dents et marche donc mes 55km quotidiens pour descendre à Idyllwild à la tombée de la nuit.
Je marche tellement bizarrement que les gens viennent me voir pour savoir si j’ai besoin d’aide !
Réservation d’un petit hôtel, enfin plus exactement des « cabins », sorte de petite cabane au charme assez désuet mais confortable.
La ville émane un sentiment de quiétude fort, maison et forêt se mêlent pour former un ensemble paisible où apparemment et aux dires des habitants que je rencontre, il fait bon vivre malgré les hivers rigoureux.
Bon endroit pour une journée et demi off afin de reposer mon genou.
Galerie.
Le départ le lendemain en début d’aprem est encore un peu douloureux mais cela va mieux. J’ai passé un accord avec mon corps, soit il m’interdit de bouger avec quelque chose de vraiment sérieux, soit il me laisse tranquille. La douleur au genou était sûrement une forme de rébellion pour tester ma motivation…
J’ai prévu de faire 15-20miles dans l’aprem (24-32km) et j’ai pris 5 jours de nourriture pour rejoindre ma prochaine ville de ravitaillement.
Arrivé sur les hauteurs des San Jacinto Mountains, je suis assez surpris de traverser des petites plaques de neige.
Première fois que l’eau est vraiment facile à trouver, je traverse de nombreux petits ruisseaux dus à leur fonte.
Etre en foret à l’ombre est également extrêmement agréable !
Et toujours autant de montagnes…
…Avec le contraste du désert en contre-bas
Le soleil commence à disparaitre et laisse place au brouillard qui envahit doucement la vallée face à moi. Cela sera le décor d’un bivouac grandiose.
Retardateur et une petite course permettent de donner l’échelle de ce fauteuil de pierre
Le soleil est suffisamment bas pour poser le bivouac. Quelques explorations autour du trail permettront de découvrir cette place dissimulée sur les hauteurs
Lieu idéal pour contempler la chute du soleil
Et histoire de trancher avec la beauté du paysage, mes chaussettes + guêtres en mode yaduvent
Le lendemain la forêt laisse place tellement rapidement au désert que je n’ai même pas le temps de voir le changement et de prendre de l’eau en conséquence. Le rationnement sera de rigueur.
Le désert et ses habitants:
Après encore un crotale ce matin, je découvre cette nouvelle espèce, « désert boa ».
Le tracé du trail est toujours aussi stupide… http://youtu.be/-eysZkZsIUg
Finalement j’arrive au bout de ce chemin et trouve enfin un point d’eau. Le litre que j’ai récolté dans un trou plus haut ayant vraiment un gout dégueulasse.
Je rencontre ici d’autres hikers et nous sommes rejoints par ceux que j’ai croisé sur le chemin. Nous discutons longuement et ils sont tout autant frustrés que moi.
La vue sur la montagne que je viens de quitter
C’est le retour dans le désert et le vent m’accueille dans mes premiers champs d’éoliennes.
Grosse surprise en passant sous une highway: de la nourriture !! Enfin au moins des glacières qui devaient en contenir, finalement il n’y a que quelques canettes de Pepsi sans sucre… Bon c’est déjà pas mal !
Trail magic seconde édition ! Et oui, de nouvelles glaciaires !
Profitant de ma canette, un autre hiker avec qui j’avais un peu marché précédemment me rejoint. Nous repartons ensemble et quelques minutes plus tard une voiture vient dans notre direction sur la piste de terre. Une vitre s’ouvre: « vous avez faim ? » Ha bha oui ! C’est une trail angels qui vient remplir les glacières ! Des pâtes ! Des tomates ! Du poulet ! Des gâteaux ! Yeah Ha !
Apres avoir bien discuté je repars, je passe à coté de la maison d’un couple de trail angels bien connu: ZIggy and The Bear situé dans la petit village de Cabazon. Je ne sais pas trop pourquoi mais je ne le sens pas, sans doute une erreur, je continue donc mon chemin.
A 16h, un petit coup d’oeil à ma carte motivé par mes cuisses qui chauffent un peu, m’apprend que, parti de 2600pieds d’altitude, je suis actuellement à 8000pieds, soit 5400 pieds (1600m) de différence sans compter tous les up and down ! Et la journée n’est pas encore finie !
Arrivé à un autre point d’eau près d’une petite centrale éolienne, je rencontre un type venu chercher sa tente qu’il a oublié là 1h plus tôt…
Je repars seul car même sans sac il marche vraiment doucement.
Plus tard je rencontre son pote qui l’attend, assez désespéré quand je lui dit où il se trouve. Nous sympathisons et finalement il décide de m’accompagner à la rivière qui se situe à un peu moins d’une heure.
Une flèche tracée dans le sable à l’attention de son pote et nous nous mettons en route. Il est déjà tard et nous devons tenir un bon rythme pour arriver avant la nuit.
Mon sac retient son attention et il me pose pas mal de questions, ce type est vraiment sympa et c’est un plaisir de bavarder avec lui.
Nous arrivons à l’espace plat que j’avais anticipé sur la carte mais il est occupé par trois autres hikers, pas grave, il y a de la place. A peine le temps de les saluer que je suis déjà dans la rivière ! En godasse, short, tee-shirt, juste virer l’APN ! Enfin de l’eau avec un peu de débit après toute cette chaleur !
Photo prise au lever du soleil le lendemain.
Le tracé du PCT continue à faire n’importe quoi et je fais du zigzag dans tous les sens, aussi bien sur les crêtes que dans les fonds de vallées. Toujours assez frustrant de voir l’endroit où on se situait 30min avant, quelques mètres en dessous…
Finalement le PCT reste pour de bon dans une vallée que je remonterai pendant plusieurs heures en longeant une petite rivière
Encore pas mal de marche sous le soleil qui décline sur les vallons
Je grimpe toujours et je suis maintenant proche du sommet de cet montagne. Des espaces un peu moins pentus se dégagent et après un peu de terrassement j’obtiens un espace de bivouac fort convenable.
Le temps de m’installer, je claque déjà des dents, la différence de température entre la journée et la nuit est de l’ordre de 35 degrés…
La journée du lendemain commence bien, Trail Magic sur canapé !
Je retrouve le type super sympa que j’ai dépanné en bouffe hier. Il fume son médicament.. et selon lui cela lui réussi bien car il peut continuer à marcher malgré ses jambes dans un drôle d’état, son trail name: « bow leg »
Le hiker, marcheur forcené sous le soleil, se prend parfois à rêver de vitesse et de cheveux aux vents dans une décapotable…
Ravitaillement en vitesse à Big Bear pour repartir sur le trail avant la tombée de la nuit.
Le lendemain je suis encore dans des anciennes zones incendiées mais cette fois recouvertes de fleurs
Et de nouveau de l’eau, pause lavage / lessivage / baignage
Premier king sneak: http://youtu.be/JZWWSq5yiCs
J’apprendrai plus tard que c’est le seul serpent qui arrive à tuer les rattle-snake.
Toute la fin d’aprem se passe sur le flan d’un canyon, les plages paradisiaques inaccessibles en contre-bas s’enchainent mais pas l’ombre d’un seul petit espace plat pour poser le bivouac.
Il y a assez loin les sources chaudes de Deep creek et deux hikers croisés sur le trail me disent qu’ils s’y rendent. Nous cheminons ensemble à bonne allure pour arriver avant la nuit.
Finalement, l’endroit s’avère connu et fréquenté et en conséquence c’est sale. Je préfère continuer malgré que la carte n’indique rien d’intéressant à plusieurs miles.
Je m’engage dans la nuit et effectue une rencontre salvatrice avec un randonneur très sympa qui retourne à sa voiture, il me parle d’une plage à environ 4km sous un pont, bon point.
Arrivé sur place, deux hikers sont déjà présents autour d’un feu. Je les rejoints et monte mon bivouac à la lueur des flammes.
Le lendemain matin:
Cette journée commence mal, mes ampoules me font un mal de chien et une m’empêche littéralement de marcher. Je serre les dents mais je suis contraint de m’arrêter après un peu plus d’une heure.
Cette seule ampoule me fait plus mal que toutes les autres réunies. J’ai la gorge nouée à cause de la douleur, je m’assoie par terre sans savoir quoi faire… Encore une fois, pas trop le choix et je n’ai pas envie de me laisser abattre par une putain d’ampoule, je continue.
Apres avoir pris de l’eau dans une sorte de sortie d’égoût, je continue ma route. Le goût est infect malgré et à cause des aquatabs (plus l’eau est sale, plus le gout de chlore est prononcé). J’essaye d’en boire un minimum quand j’arrive finalement à un immense lac dû au barrage en aval.
Fin de journée et soleil rasant
Cette journée se déroule en mode Flamby…
J’ai trainé la douleur de ce matin une bonne partie de la journée. Je ne marche pas à mon rythme et ce n’est qu’à 17h que la douleur s’estompe. Je peux enfin passer la seconde et je ferai le tiers de ma journée à partir de cette heure là.
Il est vraiment difficile de trouver un espace pour bivouaquer dans cette végétation, finalement se sera une petite alcôve juste à coté du trail après 40km parcourus. Comparés au plus de 55km de hier, ce n’est pas génial. Ce sera ma plus petite journée en dehors de celles consacrées au repos de gnou et à certains ravitos éloignés.
Vu la difficulté de trouver un coin pour dormir ici, c’est sans surprise que le lendemain je tombe, dans la seule clairière du coin, sur une dizaine de hikers agglutinés.
Ils sont sur le départ quand je les croise et ils me rattrapent lorsque je fais le plein d’eau. Nous faisons connaissance et nous ferons la route ensemble jusqu’au mac do de Cajon Pass ! Initialement je ne pensais pas m’y arrêter, mais là je suis en bonne compagnie donc je me permets un petit extra.
Il est tôt et ils ne servent que des breakfast, pas grave ce sera déjà bien en attendant les big macs !
C’est vraiment le carrefour de rencontre des hikers, au fur et a mesure la salle se remplie de sacs à dos ! Nous discutons pas mal et c’est après plus d’1h30 et deux big mac que je reprends le trail.
Le plein d’eau fait au mac do, c’est un peu plus de 30km sans aucune source ni water cache qui m’attend, comme à mon habitude je ne prends que 2L et bois beaucoup au fastfood ainsi qu’à la water cache située 2km plus loin. Mais les big mac reprennent leur liberté (…) emmenant avec eux ma précieuse flotte..
Je rattrape un petit groupe de hiker sur le chemin de détour qui évite une portion du trail où sont présents trop de plants de poodle dog bush, une plante extrêmement urticante.
Ils sont assis sur le bord du chemin et l’un d’eux avant même que je dise quoi que ce soit me regarde avec un grand sourire et me dit avec un beau accent: « Enchanté » ! Je ne sais vraiment pas comment il se passe l’info, mais il m’a reconnu comme étant le français alors que je ne l’ai jamais croisé !
Je continue mon chemin en rationnant mon eau mais je commence à voir des bidons derrière les arbres, pas bon signe. Le bruit du fond d’urgence dans ma gourde est infernal.
Et soudain au détour d’un virage…
Tellement heureux de voir ce panneau ! Enfin je parviens à ma ville de ravitaillement, Wrighwood ! Et en plus avec un jour d’avance sur mes prévisions ! J’imagine déjà le Coca… Une petite gorgé de mon fond d’urgence et je m’élance sur l’Acorn trail qui rejoint la ville. Il est vraiment tard et le temps de descendre dans la vallée, il fait nuit.
Une de mes motivations consistant à prendre une douche, je m’autorise un petit excès et prend une chambre de motel pour la nuit. Elle est crade mais j’en ai rien à taper !
Sommet du « Mount Baden Powell » à 9399pieds (2864m) le lendemain et son arbre qui aurait 1500ans
Malgré la faible hauteur de ce sommet, le chemin pour y monter est impressionnant:
Je ne prendrai pas beaucoup de photos de cette journée mais passerai de très bons moments sous les arbres pour finalement faire un bivouac avec une vue splendide sur les montagnes. Pour une fois je prendrai de l’eau à une source (Little Jimmy Spring) et je n’aurai pas à purifier !
Photo de mon espace de campement en contre bas le lendemain
Un peu après cette photo je discuterai avec plusieurs hikers dont un connait mon prénom, encore une fois ils se passent le mot..
Il y a là un détour pour éviter de passer sur le territoire d’une espèce de grenouille protégée.
Les trois stades d’une plante que je croiserai assez souvent.
En fin de journée, je marche assez vite au milieu des poodle dog brush car j’aimerai arriver au prochain point d’eau et y faire mon bivouac.
J’arrive en trombe à une intersection et tombe sur deux types vraiment sympas, il m’apprennent que l’itinéraire normal a été fermé pour incendie et qu’il faut faire un détour par une piste. Finalement nous sympathisons et marchons ensemble 2 heures. D’un coté un jeune américain qui quitte les joies de la ville avec une bible dans le sac. De l’autre, un jeune israélien qui vient de finir son service militaire. Ces deux gars feront parti de mes meilleures rencontres, nous discutons de tout et de rien, de nos familles, du pourquoi nous sommes là, de ce que nous voulons faire plus tard, etc
Nous arrivons finalement à la station de ranger de Mill Creek qui est également le seul point d’eau dans les environs.
Chose rigolote, après avoir posé mon SDC à terre ils viennent m’entourer et se mettent chacun d’un coté 🙂
Le lendemain le trail est encore saturé de puddle brush et c’est vraiment ennuyant de les éviter constamment.
Je loupe une bifurcation et me retrouve dans une ancienne grande caserne de pompier incendiée. Ambiance garantie
Un peu plus loin sur le trail
La journée se déroule pour le mieux et mon rythme me permet d’envisager d’aller voir un couple de trail angels connu, les Saufley. J’en suis encore assez loin mais découvrir le « hiker heaven » et y passer une nuit me branche pas mal. Je redécouvre les sensations du premier jour et ressens beaucoup moins mes douleurs diverses. C’est donc en courant que je fais la fin du parcours pour éviter l’arrivée de nuit
Visage ?
Depuis le début du trail je suis assez constant dans les distances parcourues, même trop à mon goût. Hier j’ai fait comme d’hab mes 35miles et le petit moment de course à pied d’aujourd’hui me permet d’arriver chez eux après un peu moins de 40miles parcourus (64km) dont une partie en hors sentier ayant perdu le trail en cours de route..
Ils ont une installation assez incroyable pour les hikers: plusieurs barnums avec lit de camp, plusieurs machines à laver, des panneaux informatifs un peu partout, des fringues de prêt le temps de laver ceux du trail, une cuisine rien que pour les hikers ect, c’est vraiment le grand luxe !
C’est également l’endroit idéal pour rencontrer du monde. Mon sac dénote beaucoup et quand ma date de départ se répand dans le camp je ne manque pas de personnes à qui parler.
Après le diner je m’installe un peu à l’écart du reste de la troupe, près des chevaux. Pour une fois je m’approche vraiment du cowboy camping (nom local pour le bivouac à la belle étoile)
Le lendemain j’effectue mon ravitaillement dans la petite supérette d’Agua Dulce. Plus d’1h à déambuler dans les rayons sans trop d’inspiration. Le temps de virer les emballages inutiles et de reconditionner ce qui doit l’être, je repars sur le trail.
J’arrive à l’une des caches les plus connues, j’avais vu quelques photos de ce flamand rose et c’est avec plaisir que je le découvre pour de vrai.
C’est la cache de trail angels bien connu: les Anderson.
Il y a là nombre de canettes de soda et de bières qui flottent sur un lit de glaçons..
Cette journée est assez pénible, encore beaucoup de zigzag horizontaux sous une chaleur accablante et le ravitaillement m’empêche de me faire plaisir en faisant une bonne journée.
Arrivé à une route en fin d’aprem, un hiker me propose de l’accompagner chez les Andersons, j’accepte.
C’est déjà pas moins d’une vingtaine de hikers qui sont avachis sur les sofas et canapés présents un peu partout.
Apres un geuleton mémorable je découvre que tout leur jardin est truffé de petits espaces plats sous les arbres pour accueillir tout le monde
La nuit est bien venteuse et je me réveille plusieurs fois craignant de me prendre une branche sur le coin du nez. Prèmice de ce qui m’attend plus tard.
Le matin, tournée de pancake général !
Comment un trail angels ramène t-il 10 bidons à sa voiture ?
A cette pause je rencontre le sac le plus léger que je verrai sur le trail, 2,7kilos de base ainsi que sa porteuse qui trouve son matelas de 3mm très confortable 😀
Un pote avec qui j’ai déjà passé du temps hier soir et ce matin me rejoint en fin d’aprem. Il me dit que je l’ai galvanisé aujourd’hui et que c’est pour ça qu’il a avancé comme ça !
Nous passons la soirée ensemble, enfin ce qu’il en reste vu qu’il fait déjà nuit.
Et pour finir la poésie cotonneuse vue précédemment, retour à la réalité avec de l’eau bien jaunâtre prise à la tombée de la nuit dans la mare de Pine canyon, le water tank (WR511b) étant vide.
Un habitant est d’ailleurs venu avec moi…
Le gout n’est pas top et je pense me rattraper le lendemain matin en prenant de l’eau dans le canal
Manque de bol, après les protéines de la veille, j’ai droit à de la verdure…
Ce qui pourrait ressembler à une route est en fait la conduite d’eau qui rejoint Los Angeles. La piste à coté dessert les rares habitations présentes ici. Il fait une chaleur monstre mais au moins c’est plat, du moins pour l’instant…
Doit pas être cool pour les coussinets le béton frais…
J’arrive dans un champ d’éoliens et l’énorme galère avec le vent commence. J’avance penché, casquette bouclée à fond, impossible de m’entendre marcher, impossible de penser, juste rester sur le chemin, serrer les dents et avancer.
Même dans les montagnes cela ne se calme pas. A chaque changement de flan j’espère une accalmie qui n’arrivera jamais.
En fin de journée je suis un peu plus en altitude et le vent a empiré. Il me balaye totalement, j’ai un mal de chien à marcher et je manque de tomber à chaque rafale.
Impossible de trouver un espace protégé, je continue de marcher pour finalement me caler entre deux buissons et j’arrime comme je peux mes affaires.
En récompense, une vue grandiose.
Apres un peu plus de 37miles parcourus (60km) il me reste encore assez de temps pour rejoindre une ville de ravitaillement, Tehachapi ou Mojave à égale distance. Mais ces villes se rejoignent en faisant du stop et comme j’ai l’intention d’y prendre un motel, je ne souhaite pas arriver à 22h et ne pas en profiter.
J’ai tout mon temps et décide donc d’écourter cette journée. Il ne me reste que 6 ou 7miles sur le trail à faire demain. L’idée de me prélasser tout le reste de la journée me va très bien !
Protection improvisée
La nuit est vraiment venteuse, mon sac de couchage est complètement aplati par les rafales. J’ai du mal à réchauffer mes pieds et un bref séjour dans mon sac à dos résout le problème en faisant VBL. La nuit se passe plutôt bien malgré le fait que je dois changer de coté en fonction du vent pour ne pas l’avoir de face. Entre deux réveils, un coup d’oeil au ciel extrêmement étoilé..
Au matin, ma montre à l’abri du vent indique 2°C…
J’opte pour la ville de Tehachapi qui offre un choix plus important de commerces et d’hôtels.
Une chambre d’hôtel et direction les courses.
Avant de m’en séparer, je prends en photo quelques cartes aux zigzags mémorables.
Le lendemain, retour dans le vent: http://youtu.be/iyvPtlYLPO0
Le type qui me prend en video avance de rocher en rocher. Son sac est bien gros et la prise au vent de l’ensemble l’empêche d’avancer. Il attend donc les brèves accalmies pour passer d’abri en abri. Encore un avantage au petit sac !
Aucune photo de la journée, occupé que je suis à lutter contre le vent…
Bivouac abrité dans les taillis
Vivres pour 3 – 4 jours
Début de journée sur les hauteurs
Descendu de la foret, retour dans le désert et cache d’eau bien utile en cette fin de journée.
Trouver un bivouac s’avère encore une fois compliqué, énormément d’arbustes à épines et aucune surface plate. Mais je suis persuadé que je vais en trouver un plus loin alors que hier je m’étais arrêté par sécurité ne sentant pas de bivouac plus loin.
Je continue donc jusqu’à 19h50 et trouve après un peu plus de 35miles parcourus (56km) un espace parfait pour admirer le coucher de soleil sur les montagnes. C’est plat et seul l’arbre à épines au dessus de moi m’oblige à faire attention à mes déplacements.
A gauche le pied nettoyé, a droite le sale. Grosse différence hein ? 😀
Le matin, ma montre affiche cette fois 2°C, il faisait plus de 105°F (40°C) la veille…
(Non je n’ai pas fait une grasse matinée, les deux lignes de chiffres sont les pressions atmosphériques ! )
Un boa en vidéo: http://youtu.be/frrK2TYV1Xc
Pour accompagner les douilles éparpillées, une petite ration militaire
Je pensais prendre de l’eau à la source de Mclvers en face de cette petite cabane mais l’odeur qui s’en dégage ne m’inspire pas et je préfère me rationner et attendre le prochain point d’eau. Comme d’hab, j’ai toujours mon fond d’urgence pour gérer les imprévus comme celui là.
Direction le campground de Walker Pass situé à une dizaine de km et je suis accueilli par une bande de hikers qui me tendent de suite une bière.
Mon sac fait encore sont effet et je passe pour un randonneur à la journée. Soirée avec eux à faire griller des burgers et des schamallows.
Le lendemain je croise un membre de l’association du PCT. Nous discutons longuement et il m’apprend qu’il enlève les grosses pierres, les branches et autre chose gênante du trail sur cette partie… Mouai… Cela n’arrange pas mon ressenti sur ce trail.
Au moment où je prends la photo suivante, un ours commence à courir juste au dessus de moi ! Surement entrain de m’observer, il a dû croire que je l’avais vu !
C’est le deuxième que je vois. Le premier j’ai pu le voir de plus près car avec le vent il ne m’avait ni entendu ni senti arriver. Je l’ai donc observé se promener tranquillement.
Un magnifique…
Trail Magic Frais !
Petite nuit sans rien de spécial, le lendemain est agréable, j’ai tout mon temps car je ne suis pas loin de Kennedy Meadows. J’ai préféré finalement ne pas y arriver ce soir et prendre la journée du lendemain pour faire mon ravitaillement et me reposer un peu.
Il y a enfin une petite rivière et j’en profite pour une très longue pause lavage / lessivage / baignage…
Arrivé à Kennedy Meadows (702miles, 1130km) au bout de 24 jours de marche dont 2 de pause et je suis en pleine forme 🙂 Mes ampoules vont beaucoup mieux et mon genou me laisse tranquille. Mon corps a enfin compris ce que j’attend de lui et ne rechigne plus trop !
Direction « Tom’s Place », le trail angels bien connu de cette ville.
L’endroit est assez dingue, des caravanes en pagaille, des hamacs aussi nombreux que les canapés disposés un peu partout. Et en plus un accès à internet.
Apparemment nous ne sommes que 3 cette année à rallier KM dans ce genre de labs de temps, Suami avec qui j’ai fait mon premier jour et Blink qui en est à son 15eme PCT. Comme chez d’autres trail angels, je ne manque pas de personnes avec qui discuter quand la nouvelle se répand.
Mais le soir même Dwain me vole la vedette 😀 Il arrive ici en 21 jours !
Haa Dwain ! Une vrai rencontre qui m’a beaucoup marqué. Dwain est vraiment un sacré personnage ! Dwain déjà porte non pas un, mais deux sacs ! Son matos dans son Osprey sans ages derrière , et devant, dans un sac d’écolier de super marché, sa bouffe. Ses deux bâtons sont tordus et pas à la même hauteur, cela ne le dérange pas. Et même si il possède 4 pantalons et 7 chemises, c’est en caleçon camouflé qu’il se balade…
Dwain marche à son rythme, c’est à dire vraiment lentement. Mais Dwain n’a besoin que de 4 à 5h de sommeil. Alors il marche la journée ainsi que la nuit… Et dort n’importe où dans son sac poubelle de container:
Ce n’est pas son coup d’essai, il a déjà fait le CDT avec ce même sac…
Forcément nous sympathisons tout de suite. Nous partageons la même vision de la marche et du temps passé dehors. Chose difficile à décrire. En tout cas c’est la première personne sur le trail avec qui je peux vraiment discuter. Oui nous marchons beaucoup, oui le corps souffre, mais ptain qu’est ce que c’est bon de juste marcher sans se trainer, de voir le paysage défilé, ne pas se brider, lâcher les chevaux jusqu’à ce que le corps ne suive plus…
Les sacs de Dwain.
Dwain n’a pas beaucoup prévu la suite du parcours… J’ai décidé d’arrêter le trail et n’ai donc plus besoin de mon plan de course, je lui donne donc le mien pour qu’il puisse planifier ses ravitaillements.
Le lendemain matin d’autres hikers sont sur le départ
Dwain décide de partir en fin d’aprem après une bonne journée de repos, il repart avec son bear canister dans son sac de devant avec l’idée de marcher une bonne partie de la nuit.
Perso je reste encore une nuit et squatte un canapé.
Je n’ai pas besoin de ma bear canister et la revend donc à un hiker et fais mon sac en essayant de prendre le plus de nourriture possible présent dans ma boite postale pour mon trip à venir.
Près à partir, je quitte Tom’s place avec mon sac sur le dos et mon colis sous le bras. Colis contenant les affaires que je n’aurais pas besoin et que je souhaite renvoyer en France.
Le stop m’a l’air vraiment difficile vu le très peu de voiture qui passe dans la rue principale. Nous sommes le 1er mais plus j’attends le pouce levé et plus la proposition d’un type à l’épicerie de m’amener demain me parait attrayante. Pas grave pour la date, je partirais le 2.
Bien m’en n’a pris car le fait que j’arrête le trail et que je commence autre chose à fait le tour du campement et j’apprends qu’une fille présente ici a déjà pas mal roulé aux US. Rencontre avec « Rabbit » qui me donne pas mal de bon plans.
Cette fille, une des rares hikeuses randonnant seule, possède une souris dans une petite boite sur la bretelle de son sac « comme ça je ne suis jamais seule » 🙂
Retrouvailles également avec les gars croisé un peu avant sur le trail, c’est vraiment un plaisir de les revoir et de passer une dernière soirée avec eux. Je n’aurais jamais cru pouvoir me lier d’amitié avec des types aussi rapidement.
L’israélien revient comme à son habitude poser son SDC juste à coté du mien !
Il a bien commencé son allégement, virer les trucs inutiles et changer son enclume de matelas par un Xlite.
Départ donc le lendemain matin avec le type rencontré la veille pour faire le plein chez lui. Il n’y a pas de station service et chacun stocke des bidons chez lui.
La vue devant sa maison:
Avant de continuer ma petite histoire, revenons un peu sur tous les événements qui me conduisent à faire du stop sur une route inconnue par 40°C.
Kennedy Meadows, un peu plus de 1100km parcourus et comme tous les hikers le disent, c’est la partie la plus chiante du PCT. Je sais donc que ce que je vais dire par la suite n’est pas objectif.
Comme je l’ai évoqué plus haut, la monotonie du trail commençait à me déplaire. Je sais que cela peut paraitre fou, les paysages ne sont jamais les mêmes, les rencontres toutes plus géniales et enrichissantes les unes que les autres, mais rester sur le trail, toujours ce même chemin, sans réel défi d’orientation, en sachant où j’allais trouver ma flotte, où trouver ma nourriture devenait lassant. Je savais même en regardant la topographie du terrain qui m’attendait combien de kilomètres j’allais pouvoir parcourir ! Le seul défi était d’arriver à se lever de bonne heure le matin pour ne pas perdre la journée. Même les trails magics et trail angels me semblaient trop institués. En bref je ne me sentais plus libre.
Tout cela j’ai commencé à mettre des mots dessus en discutant avec un hiker qui avait déjà fait le CDT. Il avait le même ressenti bizarre comparé au CDT qui est plus sauvage, comparable à la HRP en (beaucoup) plus grand. Je me suis trompé de trail, j’aurais du partir sur le CDT..
Pour ceux qui hésiteraient, il faut savoir que les américains sont habitués au sentier bien tracé, que la rando pour eux se déroule comme cela. Les difficultés du PCT, aussi bien au niveau de la préparation que pendant le trail sont réelles, mais vu du regard d’un américain elles paraissent énormes et comme la majorité des retours sur internet est fournie par eux, il est difficile d’avoir un autre regard. Le CDT se retrouve donc être comme quelque chose d’insurmontable. Alors que c’est exactement cela que je recherchais, mais vu avec leur regard, le CDT me paraissait inaccessible. L’association de ce trail se casse la gueule, il n’est pas marqué à plein d’endroits, il faut des connaissances en orientation et peu de monde le tente. Exactement ce que je souhaitais.
Enfin bref, je souhaitais donc rester dans ce pays mais en le découvrant d’une autre façon. Divers projets en réflexion, comme traverser l’Oregon où il est possible de faire 5 à 10 miles de plus par jour du fait de l’absence de D+, ou encore aller dans les grands parcs américains. Mais ce genre d’idée m’écarte de mon projet initial, traverser les Etats Unis.
Le vélo s’impose alors, y voyant un gage de plus grande liberté malgré mon inexpérience dans la rando avec ce moyen de locomotion.
C’est en une petite journée que toutes ces réflexions se bousculent et départ donc vers San Francisco, la grande ville la plus proche, avec strictement aucune préparation ni idée précise de ce que je vais faire. Ma seule grande idée est de trouver un vélo pas cher, j’improviserais par la suite.
5 photos d’écran des routes me séparant de San Francisco devrait suffire pour débuter ce nouveau projet !
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