Le Néouvielle, la nuit

Petit weekend bien rempli où la nuit est également mise à profit.

Le faible enneigement nous fait préférer des départs hauts au détriment de la solitude montagnarde. Ce sera donc bain de foule à Tournaboup, départ du kid’s club où des parents dévoués font office de remontée mécanique. Le troisième copain fait ses débuts en ski de rando, nous optons avec Yann pour la pédagogie par l’absence qui consiste à partir devant et à compter sur sa capacité d’improvisation. Il faut dire que le temps nous est compté si nous voulons être à 3000 en fin de journée.

De loin, il semble tout de même que la technique de la conversion n’est pas apparue distinctement à Hugo qui tente la variante droit dans la pente en comptant un peu trop sur l’accroche des peaux…

Premier passage un peu raide et gelé sous le lac Dets Coubous, la technique a été transmise et les zigzag s’enchainent mais là c’est le physique qui commence à flancher. L’ensemble skis + fixes Diamir à 4,5kg la paire n’aide pas. L’idée étant tout de même qu’il prenne du plaisir, nous vidons son sac dans les nôtres.

Nous continuons vers la hourquette d’Aubert en faisant la trace, plus âme qui vive par ici. Les touffes d’herbe émergent, la neige durcie s’oppose aux skis. Marche arrière tant bien que mal, retrouver un peu d’accroche pour sortir les couteaux, crier aux copains de faire de même.

De la hourquette apparait le Neouvielle et le Ramougn. Si l’heure tardive fait reconsidérer la grimpe de ce dernier, le Neouvielle pourrait être un plan b fort acceptable. Pour Hugo, avec ses peaux qui se décollent et en comptant l’ajout de 700d+ au 1000 déjà effectués, la tente apparait comme une alternative salvatrice.

Quelques virages dans une neige remarquablement poudreuse, prémices de ce qui nous attend plus loin, nous repeautons (du verbe repeauter toutafé) pour atteindre un mamelon étonnamment plat suspendu dans cette face est.

La tente est montée en vitesse, les sacs allégés. Les moufles comme les frontales sont de sortie, Yann passe la doudoune. L’eau commence à geler dans le sac.

Pente absolument vierge de toute trace, montée silencieuse, rythme lent, s’économiser pour être certain d’arriver. Le soleil se couche et chaque minute la lumière et les ombres changent. Crochet abrupt pour éviter une barre, s’en souvenir à la descente.

Nous atteignons l’arête, une percée nous baigne de soleil, nous laissons les skis, piolet crampons, le sommet est tout proche. Poudre au début puis rapidement la glace prend le dessus, quelques rochers malcommodes, hésitation sur la corde.

Sommet, nous l’avons tous les deux fait plusieurs fois mais là, dans cette ambiance, nous sommes euphoriques. Une impression de toucher du doigt quelque chose de particulier, les sommets enneigés tout autour, les pentes raides, la glace modelée par le vent, le soleil qui disparait, le mouvement des nuages, la solitude, la tension de la descente à venir, tout concourt à l’inoubliable.

Retour prudent, la couche de glace est trop fine par endroit pour supporter le coup de crampon et ne laisse que le rocher lisse. Encore quelques photos à la brèche, les peaux ont déjà été retiré, doudoune enfin enfilée, il était temps. Frontale en place, bien suivre la trace de montée. La neige est légère, Yann prend un plaisir fou, 700d- de pente continue sans aspérité.

Sauf qu’à profiter, on est plus sur la trace de l’aller et il fait trop sombre pour nous situer précisément. Et le retour à la réalité est achevé avec la question où est la tente ? Nous scrutons tant bien que mal, traversée d’un coté puis d’un autre, puis au loin apparait une lumière, notre bivouac. On retire une diagonale qui nous fait croiser notre trace comme attendu, plus qu’à la suivre gentiment.

Hugo à tout préparé, les haubans supplémentaires sont mis en place avec ses crampons et bâtons, nos matelas sont sortis, il ne nous reste qu’à faire fondre de la neige et profiter du moelleux bien frais.

Le Ramougn est notre objectif premier mais un second s’y rajoute, faire une boucle par le Pas de la Crabe et le Tourmalet, nous nous levons à 5h30. De nouveau de nuit sur les pentes du Neouvielle. Nous laissons les skis au pied du couloir d’accès au Ramougn et si le début n’est marqué que par du brassage profond, les derniers mètres en glace rebutent Yann, nous redescendons un peu, je lui laisse la corde et repars avec deux piolets. Si le couloir passe bien ainsi, l’arête gelée est assez chiante et je dois aussi faire demi-tour. Bon, deuxième tentative pour ce sommet, la troisième sera la bonne !

Nous rejoignons sous le soleil le col de Madaméte, au milieu des pins à crochets caractéristiques du parc. De là, les copains partent faire le sommet du même nom et rejoignent ensuite la cabane d’Aygues-Cluses puis le parking par la vallée. De mon coté je pars au Pas de la Crabe en longeant sous le Pic de Gourguet et d’Aygues-Cluses, puis descente du vallon vers la Mongie, peaux pour le col du Tourmalet puis descente par les pistes jusqu’à Tournaboup.

 

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